« Cheminement hésitant, manque de sincérité dans les remords, explications confuses. » Les commissaires aux libérations conditionnelles n'ont pas mâché leurs mots en déboutant hier l'ex-Hells Angels Nomad Gilles Mathieu, qui n'avait pourtant pas de grandes ambitions.

Le vétéran motard de 62 ans avait demandé une semi-liberté il y a deux ans et essuyé un refus. Fort de cette expérience, il a plutôt opté hier pour la stratégie des petits pas et a demandé la permission de visiter sa famille sans être escorté par des agents des services correctionnels, à raison de 72 heures par mois. Il avait même l'appui de son agente de libération.

Mais les commissaires Michel Pallascio et Michel Lalande ont refusé sa demande. Cela est d'autant plus surprenant que Mathieu bénéficiera de sa libération d'office en septembre prochain.

Cofondateur des Nomads, le groupe d'élite des Hells Angel ayant orchestré la guerre contre les Rock Machine et leurs alliés, qui a fait plus de 150 morts durant les années 90 et 2000, Gilles Mathieu a été arrêté dans le cadre de l'opération Printemps 2001 et a été condamné à 15 ans de prison pour gangstérisme, complot pour meurtres et trafic de stupéfiants.

Par son rôle de secrétaire-trésorier des Nomads, Gilles Mathieu - surnommé « Trooper », car il a été militaire - amassait l'argent récolté auprès des membres pour financier la guerre et le redistribuait.

« Parfois, c'était 10 000$, d'autres fois, 20 000$. Je ne posais pas de questions, mais chaque fois que je sortais de l'argent, je savais que cela allait avoir des effets percutants sur quelqu'un. J'ai fermé les yeux. J'étais aussi coupable que le gars qui tenait le gun », a-t-il admis.

Malgré ces aveux, même si Mathieu a fait plus de 50 sorties sans escorte, qu'il a assuré s'être désaffilié des Hells Angels en 2003, « avoir fait un trait sur son ancienne vie » et ne plus fréquenter de criminels, les commissaires ont refusé sa demande.

« De constater que votre cheminement a pris autant de temps est troublant et inquiétant pour la sécurité du public. Nous n'avons pas senti de remords sincères envers le nombre incalculable de victimes de votre organisation », a indiqué Michel Lalonde.

Il y a trois semaines, un autre ancien membre des Nomads, Normand Robitaille, a obtenu des commissaires aux libérations conditionnelles la permission de sortir de prison sans escorte pour voir les membres de sa famille et étudier à l'université.