Un drame comme celui qui a fait 231 morts dans une discothèque brésilienne pourrait-il se produire au Québec? Non, assurent les tenanciers de bars. Toutefois, au cours des dernières années, de nombreux établissements se sont fait prendre la main dans le sac avec beaucoup trop de clients ou des sorties de secours mal indiquées, bloquées, voire carrément condamnées, a constaté La Presse.

Entre avril 2011 et mars 2012, la Régie des alcools, des courses et des jeux a reçu 41 signalements de surcapacité dans des bars de Montréal et de Québec de la part des autorités policières et 71 signalements d'éclairage défectueux des sorties de secours. C'est sans compter, révèle une rapide recension des récentes décisions de la Régie, de nombreux cas où les portes des sorties de secours étaient bloquées, verrouillées ou condamnées.

«Une porte barrée ou obstruée, c'est illégal et dangereux», affirme Derry Spence, chef de section au Service de sécurité incendie de Montréal. «À 2h du matin, dans un éclairage réduit et lorsque beaucoup de gens ont les facultés affaiblies, le risque est réel.» Il est tout aussi catégorique au sujet des situations de surcapacité et rappelle que la capacité d'un bar est déterminée en fonction du nombre de sorties d'urgence. «Lorsque le nombre de clients dépasse la capacité permise, ça restreint le libre mouvement et ça ralentit l'évacuation des lieux», explique-t-il.

La Régie est d'ailleurs particulièrement sévère avec les fautifs. Un seul client de trop vaut au tenancier un avertissement et des infractions sur le plan de la sécurité entraînent régulièrement des sanctions.

Le permis du Fuzzy de Laval vient par exemple d'être suspendu pour trois semaines, en partie parce que des visites réalisées en 2010 et 2011 ont démontré que la terrasse accueillait jusqu'à deux fois trop de monde. Les inspecteurs ont aussi constaté que la sortie d'urgence était verrouillée.

Les propriétaires de La Distillerie de Montréal ont pour leur part dû interrompre leurs activités pendant une journée parce que les pompiers avaient remarqué que la porte de la sortie de secours était obstruée par des tables et des chaises. De plus, le panneau indiquant la sortie n'était pas éclairé, la porte était verrouillée par deux loquets et la barre panique ne fonctionnait pas. Toujours à Montréal, des dizaines de clients en trop au bar Koi, boulevard Saint-Laurent, ont valu à l'établissement 25 jours de suspension du permis.

Des tenanciers surveillés

Malgré ces nombreux cas, l'Union des tenanciers de bars du Québec se veut rassurante. «Il peut y avoir un petit pourcentage de propriétaires négligents, mais ce n'est pas la majorité, assure le président Peter Sergakis. C'est la responsabilité des tenanciers de s'assurer qu'ils respectent les règles et que leurs clients sont en sécurité. Personne ne veut un incident dans son établissement. Les gens sont en parfaite sécurité.»

Il ajoute que la forte présence des pompiers sur le terrain oblige même les moins consciencieux à se conformer. «Ils font un excellent travail, dit-il. Des fois, on les trouve même fatigants. Mais si ça peut sauver des vies, ça vaut la peine.» Les pompiers font des visites à la suite de plaintes du public, de demandes des services de police ou à leur propre initiative.

En plus des règlements stricts sur les sorties de secours et la capacité maximale, les boîtes de nuit sont forcées de demander la permission au Service de sécurité incendie chaque fois qu'ils veulent utiliser des éléments pyrotechniques. Les matériaux de construction, les revêtements et les accessoires de décoration doivent être résistants au feu.