Malgré la démission du maire Richard Marcotte, il y a bientôt deux mois, le bras policier de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) continue de s'intéresser à la Ville de Mascouche.

L'escouade Marteau tente de faire la lumière sur la gestion des terrains du petit aéroport municipal, a appris La Presse. Les forces policières auraient notamment posé de multiples questions à au moins une personne qui connaît ce dossier de fond en comble.

En effet, l'avenir de l'aéroport est incertain. L'été dernier, la Cour d'appel a jugé que le ministère des Transports du Québec, qui a cédé les terrains de l'aéroport dans les années 70, n'avait pas le droit de les reprendre si Mascouche décidait de les privatiser complètement.

En octobre dernier, le maire Marcotte a affirmé à Radio-Canada que Mascouche «avait l'intention de privatiser l'aéroport».

Satisfaction et réserve

La municipalité a déjà tenté de vendre une partie de ces terrains à un détaillant d'automobiles, il y a une dizaine d'années. Le projet a échoué, notamment à cause de la saga juridique entre Québec et l'hôtel de ville.

L'Association des pilotes et propriétaires de l'aéroport de Mascouche (APPAM) se réjouit que l'UPAC s'intéresse à ce dossier. Ses membres considèrent que la volonté de privatisation exprimée par Mascouche cache des intentions plus sombres.

«On est dans le doute sur plein de choses», a affirmé Yvan Albert, vice-président de l'association. Selon lui, des liens douteux unissent la firme d'urbanisme Plania, filiale de l'entreprise Dessau, à des élus de Mascouche, dont l'ex-maire Marcotte.

L'APPAM s'est donnée pour mission de tenter de sauver l'aéroport.

Du côté de l'hôtel de ville, on a refusé de commenter les informations de La Presse.

«La Ville de Mascouche ne commente pas les suppositions, a simplement répliqué Monique Muzzarelli, responsable des communications et porte-parole. Si l'UPAC enquête, nous les renseignerons comme nous l'avons toujours fait.»

Le torchon brûle depuis plusieurs mois entre la Ville et les partisans de l'aéroport quant à l'avenir des installations.

Terrains cédés

L'aéroport de Mascouche est construit sur des terrains cédés à la municipalité par le ministère des Transports du Québec pour la somme d'un dollar au milieu des années 70. En acquérant l'endroit, situé en bordure de l'autoroute 640, Mascouche s'engageait à l'utiliser seulement «pour des fins municipales».

De complexes négociations ont eu lieu entre le gouvernement et la Ville au fil des années. Celles-ci se sont conclues par le jugement de l'été dernier, dans lequel la Cour d'appel interdit au gouvernement du Québec de reprendre possession des terrains si Mascouche les utilise à d'autres fins. L'avenir de l'aéroport fera l'objet d'une discussion au conseil municipal ce soir. Les élus seront alors invités à s'exprimer sur «l'approche et la démarche de la Ville dans le dossier de l'aéroport», selon l'ordre du jour rendu public par Mascouche.