Un très violent incendie criminel a complètement détruit la résidence montréalaise du controversé lobbyiste Ari Ben Menashe, dimanche soir. À un point tel que ce qui en reste devra être démoli.



Vers 21 h 30, alors que Ben Menashe et une autre personne se trouvaient dans la résidence sise au 3111, rue Jean-Girard, un cocktail Molotov a été lancé à travers la fenêtre du salon, embrasant celui-ci instantanément.

La demeure occupée par l'homme, mais qui est officiellement la propriété du Jean Girard Residence Trust, est évaluée par la Ville de Montréal à 1,048 million de dollars. Il s'agit d'une résidence semi-détachée séparée de l'autre par un mur coupe-feu. Dans la propriété voisine, identique, se trouvaient aussi deux personnes.

Personne n'a été blessé au cours de l'incendie que les pompiers ont mis plus d'une heure et demie à maîtriser.

Mais les dommages sont extrêmement lourds. Si la plupart des attentats au cocktail Molotov qui sont commis à Montréal ne causent généralement que des dégâts mineurs, celui-ci a complètement détruit la résidence de trois étages. À un point tel que ses murs de pierre et de briques menacent de s'effondrer. La structure devra être démolie.

L'adresse voisine, qui est d'ailleurs à vendre au coût de 1,7 million de dollars, ne sera pas démolie, mais elle a été très lourdement endommagée. Les pompiers ont eu beau avoir le soin de recouvrir quelques meubles pour les protéger, ils ont ouvert la toiture pour éviter la propagation des flammes par la structure, et de grandes quantités d'eauont ruisselé chez ce voisin, transformant les escaliers en torrents.

Ari Ben Menashe est un lobbyiste controversé, un irakien de religion juive, mais né en Iran, et installé à Montréal depuis quelques années.

Il clame être un ex-agent israélien. Il a ensuite travaillé pour le gouvernement russe et aurait été mêlé à des histoires de trafic d'armes.

On a surtout parlé de lui récemment parce que son chemin a croisé celui du directeur général déchu du Centre universitaire de Santé McGill (CUSM), Arthur Porter. Et c'est de prime abord ce qui a forcé Porter à quitter ses fonctions en 2011.

Il avait alors été découvert qu'Arthur Porter avait confié 200 000 $ à Ari Ben Menashe afin qu'il réussisse à obtenir en sa faveur un financement de 120 millions de dollars dans un projet minier au Sierra Leone, pays d'origine de Porter.

Celui-ci est depuis plusieurs semaines dans le collimateur de l'Unité permanente anticorruption dans le cadre d'une enquête sur l'attribution du contrat du nouveau CUSM à SNC-Lavalin. Enquête qui a mené à l'arrestation la semaine dernière de l'ancien président de SNC-Lavalin, Pierre Duhaime.

Quant à Ben Menashe, il ne s'est pas fait que des amis au cours de la longue carrière qui l'a rendu riche, au point de posséder plusieurs propriétés, dont un appartement de sept millions de dollars à Manhattan.

Il a joué les entremetteurs dans divers marchés impliquant des chefs d'État et chefs de milices africains peu scrupuleux comme l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, et celui du Zimbabwe, Robert Mugabe.

Souvent, des promesses d'approvisionnement en armes ou en mercenaires étaient au coeur des négociations qu'il organisait.

Il s'est aussi mis à cran avec des clients à qui il s'était engagé à livrer d'importantes cargaisons alimentaires, qui ne seraient jamais arrivées à bon port.

La Presse a d'ailleurs récemment dressé un vaste portrait de l'homme, qui avait alors répondu à nos questions.

Il est pour le moment trop tôt pour que les enquêteurs de la division des incendies criminels de la police de Montréal puissent expliquer ce qui a valu à Ben Menashe l'attentat de dimanche soir. Est-ce le coup d'un ennemi passé? Est-ce plutôt lié à des affaires courantes?

C'est ce qu'ils tenteront d'éclaircir.