Une forte explosion à l'usine Neptune Technologies, jeudi après-midi, à Sherbrooke, s'est terminée dans les circonstances les plus dramatiques, alors que deux employés ont été découverts morts, calcinés dans les décombres.

«À la suite des opérations, cet après-midi, on peut vous informer qu'on a trouvé deux personnes dans les décombres. Une autre personne a été retrouvée un peu plus tard, dans des locaux situés plus loin de l'explosion. Elle était cachée, mais non blessée, visiblement en état de choc», a expliqué le sergent René Dubreuil, du service de police de Sherbrooke.

Ce drame a été causé par l'explosion d'un réservoir contenant plus de 15 000 litres d'acétone, un solvant organique hautement toxique fréquemment utilisé dans les usines. Un épais nuage noir s'est rapidement répandu dans le ciel de Sherbrooke. Dix-neuf travailleurs ont été incommodés par la vapeur toxique et ont été transportés dans les urgences de la région. Plusieurs d'entre eux ont même subi de graves brûlures.

«Avant que ça explose, (mon fils) a senti l'acétone et il a dit à son ami qu'ils devaient quitter les lieux au plus vite», a expliqué Michel Lapointe, père de Rémi Lapointe, travailleur blessé lors de l'accident.

M. Lapointe était à Saint-Hyacinthe lorsqu'il a reçu l'appel d'urgence, l'informant de l'accident survenu à l'usine où son fils travaille. Il est parti sur-le-champ et s'est rendu directement à l'Hôtel-Dieu de Sherbrooke, où les victimes étaient accueillies aux urgences.

C'est dans la salle d'attente de l'hôpital que Michel Lapointe, sa conjointe Raymonde, ainsi qu'Isabelle Guillette, conjointe de Rémi Lapointe, ont livré leurs commentaires à La Presse.

Émue, sous le choc, la famille a expliqué comment Rémi avait vécu la catastrophe.

«Pendant qu'il essayait de sortir, mon fils a été projeté à plusieurs mètres d'où il marchait. Des débris sont tombés sur lui, c'est ça qui l'a immobilisé», a expliqué M. Lapointe.

«Le souffle de l'explosion était tellement fort, une flamme est passée tout juste au dessus de sa tête. Une chance qu'il avait son casque, sinon il serait mort», dit-il.

Dans les décombres, c'était une scène d'horreur. La fumée était si épaisse que personne, présent sur les lieux, n'avait une bonne visibilité de la scène. Plusieurs, comme Rémi, étaient prisonniers.

«Il s'est fait enterrer, sous les débris. Il pensait qu'il allait mourir là», a confié M. Lapointe.

Son fils Rémi, blessé et brûlé, est hors de danger. Au moment de mettre sous presse, la famille attendait toujours des nouvelles des médecins de l'hôpital.

Branle-bas de combat à l'urgence

Quelques minutes après l'explosion, à l'usine Neptune, les premiers blessés ont été transportés aux urgences de la région. À l'Hôtel-Dieu, l'alerte orange a été déclarée. Tous les médecins présents à l'hôpital se sont rendus aux urgences pour soigner rapidement les victimes dont certaines, luttaient pour leur vie.

«C'était une situation exceptionnelle. Il y a eu un branle-bas de combat qui s'est installé. Des protocoles clairs étaient établis. (...) À l'arrivée des premiers patients, on a remarqué que leur état de santé était lourd», a expliqué le Dr Marc-André Leclerc, responsable du service de traumatologie au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, lors d'un point de presse à l'Hôtel-Dieu, réunissant plusieurs intervenants qui ont participé aux opérations de secours.

Céline Gervais, codirectrice interdisciplinaire des services cliniques de l'hôpital, a fait état du nombre de blessés.

«On a reçu 19 victimes, dont 4 ont été transférées d'urgence à Montréal. Deux en hélicoptère et deux en ambulances. Les15 autres sont demeurés ici (à l'Hôtel-Dieu), dont un a été admis aux soins intensifs», a expliqué Mme Gervais.

Pour les victimes qui ont été transportées à Montréal, la situation est grave. Elles ont été brûlées sur plus de 30% de leur corps. Leurs voies respiratoires ont été atteintes et leur visage, partiellement défiguré.

Au moment de mettre sous presse, on craignait toujours pour leur vie.

Sur les lieux de l'explosion, le feu était maîtrisé, mais continuait d'embraser des sections de l'édifice. L'évaluation des dommages à l'usine Neptune n'était pas encore faite, et les pompiers prévoyaient que les opérations d'urgence se termineraient au milieu de la nuit.

Les citoyens de Sherbrooke étaient inquiets pour leur santé et leur sécurité, à la suite de l'explosion qui s'est fait entendre à plusieurs kilomètres autour de l'usine. Toutefois selon la porte-parole du ministère de la Sécurité publique, Christine Savard, il n'y a aucun danger pour la population, qui craignait que le nuage, toujours présent, contienne de l'acétone.

La direction de l'usine réagit

La direction de l'usine a réagi en début de soirée. Le directeur des opérations, Michel Chartrand, était ébranlé par les conséquences tragiques de l'accident.

«Nous sommes sous le choc. Nous sommes abasourdis. Nos pensées vont aux personnes blessées. Les affaires sont secondaires», a-t-il dit.

Des mesures extraordinaires sont déployées pour épauler les familles des victimes de l'accident. Une ligne d'urgence 24heures a été mise à leur disposition.

Une enquête pour déterminer les causes de l'accident est en cours.

Photo: PC