La Presse a ressorti de ses archives un «magazine illustré » paru en avril 1939, entièrement consacré à celle que l'on surnomme le « Lys des Mohawks ». C'était quatre ans avant qu'elle ne soit déclarée « vénérable » et 41 ans avant que le pape Jean-Paul II ne la béatifie. Deux miracles et une Révolution tranquille plus tard, nous en publions quelques extraits.

VERS LA PAIX

À l'automne de 1674, six canots quittent le village. Ces Agniers s'expatrient pour pratiquer leur religion dans un milieu moins hostile. Kateri envie leur sort mais ne dit mot. Elle écoute ce que la vieille Tegonhatshihongo, devenue Anastasie par le baptême, lui raconte des missionnaires blancs qui rachètent dans le martyre l'âme des Iroquois. Durant l'hiver 1675, le Père Jacques de Lambreville, par une inspiration soudaine, entre dans la cabane de Grand-Loup l'irréductible et y trouve Kateri occupée avec des voisines. Elle s'élance vers lui : «Père, faitesmoi chrétienne comme maman». Sa volonté pure convainquit le missionnaire. Les mois suivants, il compléta l'instruction de la jeune vierge.

Après sa première communion, reçue avec une ferveur mystique dans la petite église de l'endroit, le jour de Noël 1678, Kateri vit d'une piété de tous les instants. Elle ne manque jamais la messe du matin et attend même à la porte de l'église, transie par le vent. Elle se livre à de grandes austérités. Elle rend visite à Ville-Marie à la soeur Marguerite Bourgeois et songe au retour à fonder un couvent pour les indiennes sur l'île au Héron. Mais le travail et la pénitence épuisent la petite vierge iroquoise. L'hiver de 1680 lui donne le coup de grâce. La toux s'aggrave. Elle annonce sa fin prochaine. Le jour venu, elle promet à ses amies de les attendre au retour de leur travail, pour mourir. Ce qui fut fait. Sous les yeux émerveillés du Père Cholenec, le visage jusqu'alors légèrement variolé de Kateri se transfigure soudain. Et elle meurt, âgée de 24 ans.

(Tiré du livre «KATERI TEKAKWITHA», de Guilberte Bouvier, en vente au Messager canadien et dans toutes les librairies)

KATERI AU CHEVET DE PIE XI

Une petite vierge iroquoise a dû veiller du haut du ciel au chevet du grand pontife mourant. En effet, la délicieuse biographie de Kateri Tekakwitha a été l'un des derniers livres, sinon le dernier, parcouru par Pie XI durant les nuits d'insomnie qui précédèrent sa mort. N'avait-il point, dans le message transmis au monde entier à l'occasion du congrès eucharistique de Québec, le 26 juin 1938, cité Kateri en exemple au peuple chrétien ?