Le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, a causé une certaine commotion à Toronto en annonçant sa démission comme premier ministre de la province la plus populeuse et comme chef du Parti libéral. Mais s'il quitte ses fonctions à Queen's Park, ce n'est pas pour faire le saut en politique fédérale et prendre la tête de Parti libéral du Canada, a-t-on fait savoir lundi soir dans les rangs libéraux.

Doyen des premiers ministres des provinces et très francophile, M. McGuinty a été élu pour la première fois comme premier ministre en 2003 et réélu en 2007. Mais depuis un an, il dirige un gouvernement minoritaire qui risquait d'être renversé par le Parti conservateur et le Nouveau Parti démocratique (NPD) au cours des prochaines semaines, ce qui forcerait la tenue d'élections provinciales.

Le frère de M. McGuinty, David McGuinty, est député libéral d'Ottawa-Sud à la Chambre des communes, et il avait fait pression sur le premier ministre au début de l'année afin qu'il brigue la direction du Parti libéral du Canada. Mais Dalton McGuinty a écarté cette option après une courte cabale de son frère.

Dans les rangs libéraux fédéraux, on juge hautement improbable que Dalton McGuinty opte pour une carrière politique à Ottawa. «Les chances sont presque nulles. Il y a des gens qui vont tenter de le recruter afin qu'il affronte Justin Trudeau, mais cela n'arrivera pas», a confié une source libérale.

Le fait que M. McGuinty ait annoncé qu'il quittera ses fonctions une fois que les membres de son parti auront choisi son successeur - une démarche qui pourrait prendre quelques mois - vient aussi tuer dans l'oeuf toute rumeur voulant qu'il fasse le saut sur la scène fédérale. Les libéraux fédéraux éliront leur prochain chef le 14 avril 2013 à Ottawa.

Une autre source a fait valoir que Dalton McGuinty a préféré quitter son poste pendant qu'il occupait les fonctions de premier ministre, au lieu de se faire montrer la porte de sortie par les électeurs au prochain scrutin. «Il veut partir la tête haute. Il ne veut pas subir le même sort que Jean Charest, qui a non seulement perdu les élections au Québec, mais qui a aussi perdu sa propre circonscription», a fait valoir cette autre source libérale.

Nouveau souffle

En point de presse, lundi à Toronto, M. McGuinty a affirmé que son départ permettra au Parti libéral de se renouveler. «Après 16 ans comme chef du Parti libéral de l'Ontario et après 9 ans comme premier ministre, l'heure du renouvellement a sonné. Il est temps de se donner un nouveau premier ministre libéral», a-t-il dit.

Il ne manque qu'un siège au Parti libéral pour être majoritaire à l'Assemblée législative. Le mois dernier, M. McGuinty a perdu son pari de diriger un gouvernement majoritaire après que le NPD eut remporté une élection partielle dans la circonscription de Kitchener-Waterloo. Cette circonscription était devenue vacante au printemps, après que M. McGuinty eut nommé la députée conservatrice Elizabeth Witmer à la tête de la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail.

Avec le départ de M. McGuinty, les militants libéraux cherchent un nouveau chef pour diriger leur parti dans quatre provinces (Québec, Ontario, Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve) et pour diriger le Parti libéral du Canada.

«Il y a des emplois disponibles chez les libéraux au pays!», a lancé à la blague une source libérale.