Ses affiches électorales sont de taille bien plus modeste que celles de son adversaire libéral. Mais il ne faut pas s'y tromper. Alex Tyrrell, étudiant en sciences environnementales à l'Université Concordia, défend les couleurs du deuxième parti de Jacques-Cartier: le Parti vert du Québec.

En 2008, les écologistes ont récolté près de 8% des voix dans la circonscription, contre 80% pour le député libéral Geoffrey Kelley. Ce n'est certes pas lourd, mais c'est le plus fort score derrière les libéraux. Cette année, Alex Tyrrell rêve même d'atteindre le record historique du parti: 11%. «Ce que le monde dit ici, c'est que les libéraux les tiennent trop pour acquis, explique-t-il. Et personne n'aime la corruption ou se faire tenir pour acquis.»

Contre les péquistes

Dans l'Ouest-de-l'Île, les options de vote sont plutôt limitées pour les électeurs fédéralistes et progressistes. À Beaconsfield, Robert Lindberg, 71 ans, retraité étudiant qui porte une barbe blanche très fournie, a souvent voté libéral.

«C'était plus contre les péquistes que pour les libéraux», dit-il. Cette fois, il souhaite voter pour un parti qui reflète ses idées progressistes: ce sera le Parti vert, puisque la CAQ est «trop autoritaire et trop de droite». «On passe trop de temps à parler de fédéralisme et de souverainisme. Mais il y a beaucoup de choses plus importantes, comme la corruption, les écoles, la santé», explique-t-il. Il ne craint pas la souveraineté, mais ne voit pas pourquoi il faudrait se séparer du Canada, l'un des meilleurs pays au monde, selon lui.

Fédéraliste et progressiste

Se présenter comme fédéraliste et progressiste est un ticket gagnant auprès des électeurs de Jacques-Cartier, selon Alex Tyrrell. Et l'arrivée de la CAQ ne lui fait pas peur.

«C'est sûr que c'est un adversaire sérieux. Mais les gens se demandent si tous les députés de la CAQ sont fédéralistes, quels sont ceux qui appuieraient un référendum. Ça inquiète beaucoup. Et les positions de la CAQ sont incompatibles avec celles de l'Ouest-de-l'Île. Ici, les gens n'ont jamais voté en grand nombre pour les conservateurs ou l'ADQ.»

Les libéraux pourraient-ils perdre des sièges dans les circonscriptions pourtant réputées imprenables? Robert Lindberg croit que depuis la vague orange des dernières élections fédérales, tous les espoirs sont permis. «J'avais voté libéral, contre Harper. Mais après, j'ai vu que le NPD, qui faisait des scores comparables à ceux du Parti marijuana avant, les avait devancés. Alors...»