Après des mois de grève étudiante, voici que deux des universités les plus éprouvées par le conflit sont maintenant au coeur d'un litige qui s'embourbe au sujet des modalités de la rentrée des professeurs. Ces derniers exigent d'être dédommagés pour la surcharge de travail.

À quelques semaines à peine d'une rentrée qui promet d'être mouvementée, l'UQAM et l'Université de Montréal ne se sont toujours pas entendues avec leurs professeurs sur la manière dont ces derniers seront dédommagés pour l'alourdissement de leur tâche. Bien que toutes les parties assurent que le trimestre ne sera pas compromis, les professeurs préviennent que leurs étudiants n'auront pas droit à la même qualité d'enseignement s'ils ne reçoivent pas d'aide.

«En plus de nos heures normales, nous aurons à travailler le soir et la fin de semaine, indique le président du Syndicat général des professeurs et professeures de l'Université de Montréal (SGPUM), Jean Portugais. Il faudra condenser en 1 mois la matière de 8 à 10 semaines de cours. Si le train va plus vite et que nous n'avons personne pour nous aider à encadrer les étudiants, arriveront-ils à tout assimiler?», demande-t-il.

Comme dans les cégeps, les universités devront gérer deux trimestres intensifs à l'automne. Et comme dans les cégeps, les professeurs n'excluent pas d'exercer des moyens de pression ou de se tourner vers les tribunaux si leurs administrations n'accèdent pas à leurs demandes. Déjà, le SGPUM s'est adressé à la cour pour obtenir une ordonnance de sauvegarde et ainsi empêcher l'Université de «prendre des décisions unilatérales sur les conditions de travail des professeurs», explique M. Portugais. Le syndicat a aussi déposé un grief devant le Tribunal du travail dans l'espoir de forcer l'Université de Montréal à négocier.

Les professeurs demandent l'embauche de plus de chargés de cours et d'auxiliaires, comme des correcteurs, et une reconnaissance de la surcharge de travail. «On ne demande pas à être payés et on est prêts à donner plus de cours, mais on veut que ce soit reconnu», dit le président du syndicat. Il propose par exemple un système de points, qui permettrait à un professeur qui donne plus de cours que lors d'un trimestre ordinaire de profiter d'un trimestre allégé sans pénalité financière dans l'avenir.

Il a bon espoir de réussir à se faire entendre par l'Université d'ici à la rentrée, à la fin du mois d'août. Malgré le climat tendu, la direction de l'établissement se veut aussi positive. «Nous ne sommes pas inquiets pour le moment, dit la porte-parole Julie Gazaille. Nous attendons la décision de l'arbitre. Si elle est en notre défaveur, il faudra refaire notre plan.»

À l'UQAM, qui est aux prises avec un conflit semblable, on se fait rassurant. «Nous en sommes arrivés à une entente avec les changés de cours. C'est un peu plus compliqué avec les professeurs parce qu'ils sont payés à l'année, mais je suis optimiste», indique le vice-recteur aux ressources humaines, Pierre-Paul Lavoie.

Casse-tête pour la rentrée à McGill

Les universités dont l'horaire n'a pas été perturbé par le conflit étudiant sont aux prises avec un véritable casse-tête pour la rentrée. Tandis que les élèves qui proviennent de cégeps épargnés seront prêts à commencer les cours dès le mois d'août, ceux dont le trimestre a été retardé ne finiront qu'en octobre. Il faut pourtant les accueillir.

C'est le cas à l'Université McGill, où sont inscrits quelque 300 élèves venant de cégeps en grève. «Comme ils sont assez peu nombreux, on peut presque personnaliser la rentrée», explique la porte-parole de l'établissement, Julie Fortier.

À ce jour, trois scénarios sont offerts. Les élèves qui ne doivent terminer que quelques cours pourront étudier à temps partiel à l'université dès septembre, à condition qu'ils finissent le cégep en octobre. Pour ceux qui étudient à temps plein au cégep et sont inscrits dans des programmes de sciences à McGill, certains cours obligatoires seront ouverts en octobre et donnés de façon condensée afin qu'ils puissent suivre leur nouvelle cohorte en janvier. D'autres attendront plutôt au trimestre d'hiver pour faire le grand saut.