Entassés dans des cages sous-marines contenant 10 000 poissons, les saumons d'élevage se transmettent parasites et maladies en plus de polluer les eaux, dénonce Greenpeace. «Il faut complètement s'abstenir d'en manger», affirme Charles Latimer, responsable de la campagne Océans de Greenpeace.

Le hic? Bon pour le coeur, pas cher et offert en tout temps, le saumon d'élevage de l'Atlantique est le poisson le plus vendu dans nos épiceries. Grant Vandenberg, spécialiste de l'aquaculture à l'Université Laval, juge qu'on ne peut s'en passer.

«Mondialement, 70% des stocks de poissons sauvages (toutes espèces confondues) sont menacés, rappelle-t-il. Moi, je ne souhaite pas manger le dernier poisson sauvage qui restera! Il y a 200 ans, on a commencé l'élevage des animaux pour remplacer la chasse. On en est là avec le poisson.»

«Au lieu de dire "ne mangez pas de saumon", il faut mieux contrôler les élevages, estime Jean-Claude Brêthes, professeur à l'Institut des sciences de la mer de Rimouski. Le saumon peut être élevé dans des conditions lamentables, mais il peut l'être aussi de façon relativement écologique. Si c'est du saumon canadien, il est mieux contrôlé que si c'est du saumon chilien, c'est sûr.»

Le problème des cages

Déjà, la chaîne de supermarchés canadiens Overwaitea Food Group, implantée dans les provinces de l'Ouest, a cessé de vendre du saumon élevé en cages ouvertes sur l'océan. Seul le saumon qui a grandi dans des bassins fermés - ce qui évite la propagation de maladies dans la nature et les évasions - y est désormais offert. Les épiceries québécoises n'ont pas encore emboîté le pas.

«Nous, on est là pour vendre, rappelle Marie-Claude Bacon, directrice des affaires générales de Metro. On est le deuxième employeur en importance au Québec, on a des responsabilités. On sait qu'il y a des problèmes dans les méthodes d'élevage et on travaille à trouver de meilleures pratiques avec nos fournisseurs. Mais il faut que ça s'équilibre avec d'autres critères, comme le prix.»

L'industrie aquacole est aussi fortement critiquée parce qu'elle utilise beaucoup de poissons sauvages pour nourrir les saumons d'élevage. « On donne de plus en plus de protéines de sources terrestres aux saumons, comme des sous-produits de transformation des grains », plaide M. Vandenberg.

Carnivore au gros appétit, le saumon a dû se résoudre à manger du soya. « On approche du moment où on n'aura plus besoin que d'1 kg de poissons sauvages pour produire 1 kg de saumon d'élevage », précise l'expert. Ça reste insuffisant pour aider les océans à se repeupler.

Préférer hareng et truite

Que faire? La solution consiste à varier les espèces de poisson qu'on met dans son assiette. « On peut consommer des poissons plutôt bas dans la chaîne alimentaire, suggère M. Brêthes. En ce moment, c'est la saison du hareng et c'est délicieux. » La truite d'élevage - produite au Québec, en bassins fermés - permet aussi d'avoir la pêche, sans remords.