Le groupe montréalais Solidarité sans frontières vient en aide aux immigrés, et notamment aux sans-papiers. Bien connu des intervenants du milieu, il revendique la régularisation de tous les sans-papiers.

«Il n'y a pas de gens qui ont plus de droits que les autres», croit Rosalind Wong, militante de Solidarité sans frontières.

Le groupe estime que les migrations vers les pays occidentaux comme le Canada sont le résultat des relations entre le Sud et le Nord. Il est difficile d'imaginer, quand on ne l'a pas vécu soi-même, les difficultés qu'entraîne le fait de n'avoir pas de statut au Canada: il est par exemple impossible d'avoir accès aux soins médicaux, aux services sociaux. C'est une vie passée dans la précarité.

Pourtant, on estime que de 250 000 à 500 000 personnes vivent au Canada dans ce cul-de-sac, dont 40 000 à Montréal.

«Une grande portion de notre économie est basée sur les personnes sans papiers», explique Rosalind Wong.

Pour ces personnes comme pour leurs proches, la vie dans la clandestinité n'est pas sans conséquence sur le plan psychologique.

«C'est comme un rêve récurrent: tu es dans un couloir, tu ne peux ouvrir aucune porte, jamais, illustre Rosalind Wong. Pour certaines personnes, la dépression, ça commence comme ça. Il y a la peur, l'angoisse et le fait de ne pouvoir faire confiance à personne. Imaginez l'effet que ça peut avoir sur les enfants et les parents. Il y a aussi la précarité. Les personnes sans statut ne sont pas en position de demander quoi que ce soit. Il y a de l'exploitation. On normalise cette précarité au Canada.»

Jaggi Singh, militant altermondialiste et membre de Solidarité sans frontières, croit que l'expulsion de toutes les personnes en situation irrégulière au Canada aurait un impact négatif sur l'économie.

«Les gens paient des taxes, ils travaillent, ils sont dynamiques, dit-il. Nous, on veut accompagner les migrants, leur donner une dignité, améliorer les choses pour tout le monde. On veut un système juste, on n'oppose pas nous à eux, on essaie d'établir une solidarité entre tout le monde.»

Le groupe se sent-il à contre-courant?

«Avec le gouvernement, oui. Mais je suis convaincue qu'un jour, l'idée de qualifier des gens d'illégaux et d'autres de citoyens sera d'une autre époque», dit Rosalind Wong.