Le bilan routier funeste des jeunes justifie la nouvelle loi sur la tolérance zéro au volant, croit le directeur général d'Éduc'alccol, Hubert Sacy.

> En graphique: La valeur de l'alcool

En effet, «10% des automobilistes sont responsables d'environ 30% des accidents. Cette surreprésentation des jeunes justifie cette mesure restrictive, même si c'est désagréable», explique M. Sacy.

Outre les statistiques, des raisons scientifiques forcent l'adoption d'une loi plus musclée, enchaîne-t-il. «Les jeunes sont plus susceptibles de provoquer des accidents, parce que, dans le développement de leur cerveau, la prise de risque est plus élevée que le jugement», affirme M. Sacy.

Selon lui, une certaine confusion persiste au sujet de la nouvelle loi, qui touche les jeunes de 16 à 21 ans inclusivement. «Elle est en vigueur jusqu'à 21 ans et 364 jours», rappelle Hubert Sacy, qui espère maintenant que les autorités vont l'appliquer sur le terrain. «Sinon, c'est un coup d'épée dans l'eau. Prenez l'exemple du cellulaire au volant. Les automobilistes continuent de l'utiliser parce qu'ils n'ont pas la perception de prendre un risque.»

Des parents préoccupés

Le directeur de l'entreprise Alco Prévention Canada raconte pour sa part recevoir beaucoup d'appels de parents préoccupés depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi.

«Ils cherchent des solutions pour protéger leurs enfants et s'assurer qu'ils respectent la tolérance zéro», affirme Stéphane Maurais, qui a fondé son entreprise il y a un peu plus de 20 ans. Plusieurs parents, enchaîne-t-il, font l'acquisition de détecteurs d'alcool électroniques pour en faire cadeau à leurs enfants.

Même s'il constate, au terme de notre expérience, que les jeunes encaissent mal la nouvelle limite, M. Maurais admet observer un important changement de mentalité au fil des années. «Aujourd'hui, les gens sont moins soûls qu'avant et plus sensibilisés, même s'ils demeurent nombreux à prendre le volant en se fiant à leur impression.»

Le changement de cap s'est amorcé au début des années 2000, lorsque plusieurs bars et casinos ont commencé à doter leurs établissements de détecteurs d'alcool. «On offre parfois des tests de dépistage volontaires lors d'évènements privés, et environ 40% des participants sont au-dessus de la limite d'alcool permise, et la moitié l'ignorait», explique M. Maurais.

À ses yeux, la nouvelle loi est donc une bonne nouvelle. «Si on veut diminuer l'impact, il faut que les gens aient peur de se faire prendre», résume-t-il.

Comme la loi vient d'être adoptée, les policiers et la Société d'assurance automobile du Québec ne tiennent pas encore de statistiques sur son efficacité. «Les policiers gardent l'oeil ouvert, et c'est un élément de plus qu'on va surveiller lors des barrages», souligne Christine Coulombe, porte-parole de la Sûreté du Québec.