La dépouille de Farshad Mohammadi, ce sans-abri tué lors d'une opération policière au métro Bonaventure il y a un mois, a finalement pris le chemin de son Iran natal cette semaine, grâce aux efforts d'un imam montréalais et de l'ambassade de la République islamique à Ottawa.

L'itinérant d'origine kurde iranienne était tombé sous les balles de la police, après avoir blessé un agent avec une arme blanche, le 6 janvier. Depuis, une partie de la communauté regroupée autour du Centre islamique iranien de Montréal tentait d'organiser le renvoi de la dépouille vers sa famille, en Iran. D'autres membres de la communauté iranienne de Montréal s'opposaient à ce retour, car Mohammadi avait précisément été accepté comme réfugié en raison des menaces à sa sécurité dans son pays.

«Sa famille là-bas va pouvoir l'enterrer. Des gens ont voulu l'utiliser pour des motifs politiques, mais ce n'est pas une affaire politique», réplique l'imam Saleh Seboweh, qui a amassé les 7200$ nécessaires au renvoi de la dépouille.

«Grâce à Dieu, nous avons réussi à amasser l'argent parmi la communauté. Et l'ambassade nous a promis 2000$», dit-il.

En prévision du départ, le coroner Paul Dionne a signé, le 2 février, une autorisation de sortie du cadavre, en certifiant que les causes probables du décès étaient des «plaies par projectiles d'arme à feu» et que le corps n'est pas porteur d'une maladie contagieuse.

Martin Bolduc, un des responsables de la maison funéraire Bleuciel, a confirmé à La Presse que la dépouille a été placée vers 22h30 mercredi soir dans un avion de Qatar Airways à destination de Doha, puis de l'Iran. Le corps devait arriver en Iran hier matin et être pris en charge par la famille du défunt.

«L'imam Seboweh, c'est vraiment un homme de coeur, ce monsieur-là, avec tout ce qu'il a fait», assure M. Bolduc.

Rappelons qu'au moment de sa mort, le sans-abri de 34 ans venait de perdre, en raison de ses troubles de comportement, son logement subventionné par le projet Chez Soi, une ressource d'aide aux itinérants.

Souffrant de problèmes mentaux, il racontait avoir vécu la guerre en Iran aux côtés des rebelles kurdes, mais personne n'était capable d'authentifier ses dires. Chose certaine, le Canada l'a accepté comme réfugié, car il avait des raisons sérieuses de croire que sa sécurité était menacée dans son pays natal.

Le 30 mai dernier, Mohammadi avait été condamné à l'expulsion du Canada pour «grande criminalité». Son crime: être entré par effraction dans un immeuble non résidentiel où il s'était endormi, au centre-ville de Montréal. Le renvoi n'aurait probablement jamais été mis en application en raison de son statut de réfugié, mais l'annonce l'avait tout de même fait paniquer, selon son avocat.

La Sûreté du Québec enquête toujours pour éclaircir les circonstances de sa mort.