Au terme d'une enquête de la GRC qui a duré quatre ans, deux hommes sont accusés d'avoir commis des fraudes de plusieurs millions de dollars dans le domaine hypothécaire.

Kingh Luan Ho Quan, 56 ans, et Hermel Bossé, 58 ans, comparaîtront le 30 mars prochain au palais de justice de Montréal en lien avec cette affaire. Les faits qui leur sont reprochés se seraient produits entre le 13 octobre 2004 et le 7 avril 2008. En utilisant des prête-noms, en contournant les règles et en falsifiant des documents, ils auraient obtenu des hypothèques frauduleuses pour acheter des résidences et les revendre rapidement à profit dans la région de Montréal.

Au nombre des victimes alléguées figurent des institutions financières, la Société canadienne d'hypothèques et de logement et de simples citoyens. Ces derniers auraient agi à titre de prête-noms. Les accusés leur auraient offert quelques milliers de dollars tout en leur faisant miroiter l'obtention d'un bon crédit. Les profils financiers des prête-noms étaient ensuite maquillés et gonflés pour obtenir les hypothèques.

Les propriétés étaient revendues à profit rapidement par la suite. Une fois les transactions terminées, les victimes présumées étaient responsables malgré elles du remboursement des hypothèques. «Certains y ont laissé leur chemise», a indiqué Carine Corbey, porte-parole de la GRC, hier.

Vingt des quatre-vingt transactions douteuses étudiées de façon approfondie jusqu'ici se sont révélées frauduleuses, pour un total de 4,5 millions. L'enquête se poursuit et pourrait donner lieu à d'autres accusations, selon la GRC.

Longue enquête

Cette enquête a démarré au début de 2008, après qu'un employé d'une institution financière eut tiré la sonnette d'alarme. Stéphanie Grammond, journaliste à La Presse, a publié un long reportage très étoffé à ce sujet, au printemps 2008. MM. Ho Quan et Bossé étaient nommés. Comment expliquer qu'il ait fallu quatre ans pour porter des accusations?

«Le système judiciaire est compliqué et ce sont des dossiers très compliqués, très difficiles à prouver», dit Mme Corbey. Ceux qui tirent les ficelles, a-t-elle aussi laissé entendre, s'arrangent pour ne pas apparaître sur les documents.