Précision : dans des textes publiés dans nos numéros des 7 et 8 décembre derniers concernant les relations entre Jean-Claude Cyr, président de la Société d'habitation et de développement de Montréal et le promoteur immobilier Georges Dayan nous avons pu laisser entendre que ce dernier faisait l'objet d'une enquête policière, qu'il est impliqué dans une manoeuvre de blanchiment d'argent et qu'il est lié au monde criminel. Or, à la demande des procureurs de M. Georges Dayan, nous précisons qu'à notre connaissance, cela n'est pas le cas.

En 2005, année où il s'est lancé dans l'aventure Chabanel, Georges Dayan ne s'est pas seulement fait remarquer dans le monde de l'immobilier; il est aussi apparu sur le radar de la GRC pour sa participation à des «opérations douteuses» de la mafia.

Les policiers sont tombés sur Dayan en suivant la piste de Francesco Del Balso, un des dirigeants du clan Rizzuto.

Importation de cocaïne, paris illégaux, salons de jeux clandestins: les activités de Del Balso généraient des millions de dollars que le caïd tentait de blanchir au Casino avec l'aide d'hommes d'affaires comme Georges Dayan et ses amis, croient les enquêteurs de la GRC. Del Balso est aujourd'hui en prison, mais aucune accusation n'a été portée contre les hommes d'affaires qu'il a côtoyés au Casino.

Un policier explique le stratagème dans une déclaration sous serment déposée au palais de justice lors du processus visant le blocage des richesses de Del Balso. Un chapitre du document est intitulé: «Francesco Del Balso tente de légitimer ses revenus au casino».

Le caïd avait du mal à se débarrasser de ses liasses d'argent sans attirer l'attention. Pour leur donner une existence légale, il les utilisait pour jouer au Casino.

À certains moments, les sommes accumulées dans ses comptes en banque et ceux de sa conjointe provenaient du Casino dans des proportions de 44% à 81%.

La GRC cite dans son document les «déclarations d'opérations douteuses» rédigées par les agents de sécurité du Casino sur Del Balso.

Le 4 décembre 2005, le caïd a joué aux côtés de Georges Dayan et deux amis de ce dernier, le designer David Bitton et Ariel Hassan, de l'entreprise Importations Rallye.

Bitton et Hassan recevaient des liasses d'argent de Del Balso et les échangeaient contre des jetons, qu'ils remettaient ensuite à Del Balso.

Le personnel du Casino a détecté le manège et interdit au caïd de miser pour le restant de la nuit. Dans les minutes suivantes, le mafioso a remis 1500$ en coupures de 20$ à Georges Dayan. Celui-ci a acheté des jetons. C'est Del Balso qui a décidé des mises.

Plus tard, Del Balso a remis un autre paquet de billets à Dayan dont une partie a été changée en jetons.

Jean-Claude Cyr, président du conseil de la Société d'habitation et de développement de Montréal, se souvient d'avoir eu vent de cette histoire lorsque La Presse l'a révélée, en 2007.

Elle ne l'a pas inquiété outre mesure. «Je n'ai pas discuté de ça avec Georges Dayan. J'en ai parlé avec certaines personnes qui en avaient parlé avec Dayan. Il avait offert des explications qui semblaient crédibles», dit-il.

«D'autre part, ajoute-t-il, il n'y a jamais eu de poursuite relative à ces dossiers. S'il fallait qu'on arrête de faire affaire avec tous les gens qui ont fait l'objet de soupçons...»

Quant au directeur général de la SHDM, Guy Hébert, il dit n'avoir jamais entendu parler de l'affaire. Mais il croit que ce genre de relation ne doit pas être pris en compte au moment du choix d'un partenaire par la SHDM. «Si nous faisons affaire avec quelqu'un dont tout le monde dit qu'il fait partie de toutes sortes d'organisations, mais qu'il n'a jamais été accusé; avec le processus d'appel de propositions que nous faisons, de quel droit peut-on éliminer ces gens-là?», demande-t-il.