La vision d'un Grand Montréal qui ne grugerait plus les terres agricoles, qui protégerait ses aires vertes, s'est heurtée à une grogne bien réelle, celle de la couronne nord, menée par Mirabel. Son maire, Hubert Meilleur, a littéralement déchiqueté hier le plan d'aménagement qui fait l'objet de larges consultations.

D'entrée de jeu, le maire Meilleur a dénoncé ce projet qui «transpire le défaitisme et se veut sans ambition pour les générations à venir». La Communauté urbaine de Montréal, qu'il estime sous la coupe de la métropole, «vit au jour le jour, sans se soucier de l'avenir et encore moins des générations futures». Enfin, Montréal, dans ce débat, «se pose en victime et tente de nous faire croire que son malheur provient des autres couronnes».

La sortie du bouillant maire a suscité des murmures dans la salle. Ceux-ci s sont transformés en rires quand il a déclaré que «faire un enfant, ce n'est pas seulement avoir un orgasme - c'est facile, on peut avoir un orgasme tous les jours -, c'est aussi veiller à son avenir.»

Comme bien des municipalités de la couronne nord, Mirabel a connu un boom impressionnant depuis trois décennies, passant de 15 000 à 43 000 habitants, et voyant sa richesse foncière de quelque 650 millions bondir à 4 milliards de dollars. Le gel du dézonage du territoire agricole lui semble injuste, la CMM étant un des territoires québécois qui a le moins grugé ses terres dans les dernières années, a-t-il soutenu.

Cette sortie du maire de Mirabel contraste par ailleurs avec la plupart des mémoires plutôt positifs présentés hier, à l'occasion de la troisième journée d'audiences entourant l'adoption du Plan métropolitain d'aménagement et de développement. La commission, présidée par la conseillère montréalaise Helen Fotopulos, a par ailleurs accueilli avec un plaisir manifeste l'avis gouvernemental déposé hier par le ministre Laurent Lessard. Celui-ci estime que le projet présentement à l'étude «répond pour l'essentiel aux orientations et aux attentes gouvernementales». Il suggère certains ajustements, notamment en matière de protection des terrains boisés et de limites du périmètre métropolitain.

Appuis à la ceinture verte et bleue

Le projet de créer un réseau d'espaces verts et de cours d'eau protégés autour de Montréal a reçu plusieurs appuis, y compris d'organisations internationales, a affirmé hier soir dans son mémoire le groupe Partenaires du Parc écologique de l'archipel de Montréal.

Cette coalition de 80 groupes et individus a reçu l'appui de plusieurs municipalités, dont Longueuil et même dans la couronne nord, où le projet de la CMM suscite l'opposition. En effet, Boisbriand a adopté une résolution d'appui en août 2010 et Mascouche a envoyé une lettre d'appui à la coalition à la même époque.

Le travail de la coalition lui a valu de devenir un partenaire de l'Année internationale de la biodiversité, décrété en 2010 par l'ONU.

Le projet a aussi l'appui de la plupart des partis politiques provinciaux et fédéraux, sauf le Parti libéral du Québec et le Parti conservateur du Canada.

Le groupe souligne que la région de Montréal, autrefois entièrement boisée, a perdu 85% de son couvert forestier et 95% de ses milieux humides. Il rappelle les engagements pris par le Canada en 2010 au terme de la Convention de Nagoya, qui prône la protection de 17% du territoire. Actuellement, seulement 2,5% du territoire de la CMM est protégé.

Il cite en exemple la région de Toronto, qui s'est dotée d'une ceinture verte en 2005, ainsi que de Longueuil, qui protège 13% de son territoire.