Le calme était de retour dans les grandes villes britanniques, hier soir, après l'annonce par le premier ministre David Cameron d'une «riposte robuste» aux quatre journées d'émeutes ayant ébranlé le Royaume-Uni. Son gouvernement a toutefois été sévèrement critiqué pour les compressions budgétaires imposées récemment au corps policier.

«Nous avions besoin d'une riposte et la riposte se prépare, a assuré David Cameron, au lendemain d'une quatrième nuit de violences. [...] Peu importe les ressources dont la police aura besoin, elle les aura. Peu importe les tactiques qu'elle aura besoin d'employer, elle aura le soutien légal pour le faire. Nous allons faire tout ce qui est nécessaire pour ramener la paix et l'ordre dans nos rues. Tout est envisagé, tout est sur la table.»

Si des émeutes ont éclaté dans la nuit de mardi à hier dans plusieurs grandes villes britanniques, David Cameron s'est à tout le moins félicité du calme qui a régné à Londres depuis l'augmentation marquée du nombre de policiers dans ses rues. «Il est clair qu'une approche plus robuste de la police à Londres a permis de ramener le calme dans la capitale.»

Prenant le premier ministre au mot, l'opposition travailliste a toutefois critiqué le gouvernement conservateur pour les compressions budgétaires imposées aux forces policières depuis son arrivée au pouvoir. «L'impact qu'a eu l'ajout de policiers [pour calmer les émeutes] démontre que le gouvernement doit revoir de façon urgente les réductions dans la police», a dénoncé la porte-parole travailliste pour la sécurité publique, la députée Yvette Cooper. Celle-ci avance que les compressions forceront la réduction des effectifs de 16 000 policiers, ironiquement le nombre de policiers déployés dans Londres pour enrayer la vague de violence.

Le maire de Londres, Boris Johnson, a lui aussi demandé la suspension des compressions. «Les raisons des réductions étaient plutôt faibles et ont été fragilisées davantage encore. Ce n'est pas le moment de penser à sabrer les effectifs policiers.» Pas moins de 820 personnes ont été arrêtées dans la capitale depuis le début de la vague de violence.

«Société malade»

Le gouvernement et l'opposition s'entendent toutefois sur un point: les émeutes doivent beaucoup aux gangs de rue enracinés dans plusieurs régions du Royaume-Uni. «Il y a une partie de notre société qui n'est pas simplement brisée, mais qui est franchement malade. Quand je vois des jeunes de 12 et 13 ans faire du vandalisme et rire quand on voit un jeune homme blessé se faire dépouiller par ceux qui semblaient l'aider, c'est clair que certaines choses vont mal dans notre société», a dénoncé le premier ministre Cameron.

Même son de cloche hier chez le chef de l'opposition, le travailliste Ed Miliband. «Le désordre est lié à la culture des gangs de rue à laquelle nous devons nous attaquer. Nous ne devons pas permettre que des gens pensent que c'est acceptable de commettre les actes de vandalisme que nous avons vus.»

Nuit tendue

Après Londres mardi soir, six autres villes ont vu leurs effectifs gonflés de manière significative hier soir afin de ramener le calme dans leurs rues. Plus de 6000 «bobbies» ont patrouillé cette nuit dans les rues de Birmingham, deuxième ville du pays. Quelques attroupements ont été observés, mais ont été rapidement dispersés.

À Manchester, la police aurait intercepté plusieurs personnes qui semblaient se préparer à de nouvelles émeutes. «Des gens continuent à s'armer pour s'en prendre à la police et à des commerces. J'ai moi-même trouvé une hache dissimulée dans un chandail», s'est indigné sur son compte Twitter Garry Shewan, chef adjoint de la police du Grand Manchester.