Les forts vents du sud ont encore une fois poussé à la hausse le niveau de la rivière Richelieu et du lac Champlain, mercredi, semant le désarroi chez les 3000 citoyens de la Montérégie, aux prises avec des inondations historiques depuis près d'un mois et demi.



«On n'en peut plus. Quand on commence à penser que ça s'améliore, l'eau remonte», a dit, mercredi matin, Brigitte Lenoir, rencontrée à quelques mètres de sa maison inondée de Noyan.

La rue de Mme Lenoir a été évacuée il y a plusieurs semaines. Mais la jeune femme est restée. «Je pensais que le pire était passé. Mais ce matin, une partie de ma maison a commencé à s'enfoncer. Le sol est trop mou, dit-elle. On est découragés.»

Même si le soleil a brillé une bonne partie de la journée mercredi, les vents ont poussé des vagues de 60 à 90 centimètres sur les rives.

À Venise-en-Québec, Pierre Langlois regardait les vagues déferler sur les quais de sa marina. «L'été commence bien mal. Au moins, ma maison est correcte. Mais c'est déprimant pareil de voir son commerce comme ça», a-t-il expliqué.

En milieu d'après-midi, la Sécurité civile a indiqué que le niveau des eaux était à 10 centimètres de battre le précédent record du 23 mai.

Bolduc débarque

Le ministre de la Santé Yves Bolduc s'est arrêté, mercredi après-midi, à Saint-Jean-sur-Richelieu pour s'entretenir avec les médias. Il a félicité les équipes de santé de la région qui offrent notamment du soutien psychosocial aux sinistrés depuis le début des inondations. Jusqu'à maintenant, 160 sinistrés ont été pris en charge pour des raisons de santé mentale liées aux inondations.

Le ministre a reconnu que le pire est à venir de ce côté. «Quand les eaux vont se retirer, les gens vont constater les dégâts et on s'attend à voir des cas de stress post-traumatique, a dit le ministre. On est encore en phase aiguë, donc les gens ne le sentent pas encore.»

Le ministre Bolduc s'est consolé avec le fait qu'aucun décès lié aux inondations n'a encore été signalé.

Quand les médias lui ont mentionné trois cas récents de suicide dans la région, le ministre a dit qu'il vérifierait d'abord l'information. «Si c'est le cas, le coroner fera enquête et nous livrera ses conclusions pour éviter de tels drames», a-t-il dit.

La directrice de la santé publique de la Montérégie, la Dre Jocelyne Sauvé, a ajouté que près de 200 suicides ont lieu chaque année en Montérégie et que si des cas ont été signalés récemment, il est impossible de dire pour l'instant si c'est lié aux inondations.

La Dre Sauvé a également invité la population à éviter tout contact avec l'eau qui inonde les terres en portant des bottes et des gants, et à bien surveiller les enfants.

À la demande de certaines écoles, des rencontres d'intervention psychosociale auront lieu la semaine prochaine dans trois établissements de municipalités touchées par les inondations.

La Dre Sauvé a aussi rappelé que lorsque les eaux se retireront, il y aura «beaucoup de moisissure» dans les maisons et que toutes les précautions devront être prises à ce sujet. «Ce n'est pas banal. Il faudra faire attention», a-t-elle précisé.

Outre le ministre Bolduc, le député Denis Coderre et la mairesse de Longueuil Caroline St-Hilaire ont aussi visité les régions inondées mercredi.

Selon la Sécurité civile, les vents changeront d'orientation aujourd'hui, laissant présager une baisse de 5 à 15 centimètres du niveau des eaux.