Éclipsé par Jack Layton depuis le début de la campagne, Gilles Duceppe veut prendre avantage de l'un des talons d'Achille du NPD au Québec: le «manque de sérieux» de certains candidats unilingues anglophones.

Deux candidats du NPD, Ruth-Ellen Brosseau dans Berthier-Maskinongé et Tyrone Benskin dans Jeanne-Le-Ber, ne maîtrisent pas assez bien le français pour prendre part à un débat. «On retrouve des candidats unilingues anglophones dans des comtés francophones, dit Gilles Duceppe. Il n'y a rien de mal à ce qu'un anglophone soit candidat au Québec, mais ne pas parler français, je trouve qu'il y a un problème. Le respect, c'est de pouvoir parler la langue quand on aspire à représenter les Québécois. Pour des gens (le NPD) qui disent respecter les Québécois et leur langue, il faut quand même le faire.»

En vacances

En plus de maîtriser difficilement le français, Mme Brosseau est en vacances à Las Vegas. La candidate néo-démocrate dans Richmond-Arthabaska, Isabelle Maguire, est à Paris. Le chef du NPD défend ses candidats absents, blâmant plutôt le système électoral. «Nous n'avons pas une date fixe pour les élections, dit Jack Layton. C'est ça le problème pour les familles et les gens du vrai monde.»

«Excuser des gens à l'extérieur durant l'élection parce qu'il n'y a pas d'élections à date fixe, quand même! Ce n'est pas sérieux, dit Gilles Duceppe. Il y avait des rumeurs d'élection avant. J'en ai entendu parler...»

La bataille de Québec

S'il a décroché quelques flèches à l'endroit du NPD, Gilles Duceppe n'a pas oublié ses vieux rivaux conservateurs dans la région de Québec, où sa caravane a croisé celle du premier ministre Stephen Harper hier. Le chef libéral Michael Ignatieff était aussi de passage dans la Vieille Capitale. «S'il y a trois chefs qui vont là, c'est qu'il y a une bataille à Québec», dit M. Duceppe.

La ville à l'humeur politique changeante a toujours représenté son lot de défis pour le Bloc, qui ne compte que trois députés sur sept sur la Rive-Nord. Le parti espérait tirer profit du refus des conservateurs de financer le futur amphithéâtre, mais l'effet Colisée n'est pas au rendez-vous dans les sondages. «Ça joue toujours, mais ce n'est pas la seule question», dit le chef bloquiste, qui mise sur les dossiers de la réfection du pont de Québec et du chantier maritime Davie pour convaincre les électeurs de la région.

Dans un 5 à 7 organisé dans un bar de Limoilou, le chef du Bloc québécois a reçu l'appui enthousiaste de la députée péquiste Agnès Maltais et de l'ex-ministre Guy Chevrette. Des alliés moins encombrants que le président du Conseil de la souveraineté Gérald Larose, qui a fait dérailler la campagne bloquiste mercredi en traitant Jack Layton «d'imposteur» et de «crapule», et les autres politiciens fédéraux de «crosseurs professionnels». L'ex-leader syndical s'est excusé pour ses propos. «Je ne lui ai pas parlé (hier), dit Gilles Duceppe. Il soigne son langage.»