Un ring peut faire la différence. Depuis six ans, le club de boxe l'Espoir mène un combat d'un genre particulier: contre l'exclusion sociale, et pour le raccrochage des jeunes de Saint-Michel, l'un des quartiers les plus défavorisés du Québec. Né de l'intuition folle d'un policier hors du commun, le club de boxe l'Espoir porte ses fruits.

«Si on m'avait dit en novembre 2005 qu'on serait encore là en 2011...» Evens Guercy sourit. Lui qui a commencé ce club de boxe seul, avec quelques cordes à sauter, pendant son temps libre, se retrouve maintenant à annoncer le 5e gala annuel de son club, aux côtés du chef du Service de police de la Ville de Montréal, Marc Parent, et d'un ancien champion du monde de la WBC, Éric Lucas. Tout un parcours.

L'Espoir veut faire mentir les statistiques sur la violence, la délinquance et le décrochage scolaire. L'idée est simple: il faut «occuper» les jeunes plutôt que de les laisser livrés à eux-mêmes, dans les rues d'un quartier dénué de centre sportif. «Le jeune qui est ici n'est pas dehors, il n'est pas un appât pour ceux qui ont de mauvaises intentions», dit Evens Guercy. Le sport n'est qu'un prétexte pour promouvoir et incarner des valeurs, poursuit-il: l'estime de soi, et la persévérance.

L'idée de monter un club de boxe dans une école avait bien fait grincer quelques dents à la Ville, se souvient Evens Guercy. «On me demande souvent: pourquoi la boxe? Je crois qu'il faut être convaincu pour être convaincant. J'ai déjà boxé, et c'est donc plus facile pour moi de vendre ce projet», répond-il tout simplement.

«Ç'a tout changé»

Dans Saint-Michel, l'influence de l'Espoir est plus que palpable. «Ç'a tout changé», dit M. Guercy. Aux côtés de son collègue Charles Dubois, Evens Guercy a amené une nouvelle vision de la police auprès des jeunes. Des succès et réussites du club de boxe l'Espoir, Marc Parent peut en énumérer plusieurs: «Sur une intervention, quand le policier arrive et qu'il connaît les jeunes, ç'a un impact, il fait le lien. On occupe l'espace public, on humanise le travail policier. On sort de l'uniforme», dit-il.

À 17 ans, le jeune Tche Guevara Saint-Jean partage des fous rires avec ses copains du club, mais aussi avec Charles Dubois. «Je ne sais pas si tous les policiers sont comme ça, mais eux, je les trouve corrects», se contente-t-il de dire. Adepte des sports d'équipe, Tche Guevara a plusieurs fois lâché la boxe, mais se fait toujours rattraper par la persistance d'Evens Guercy.

Cette année, le gala du club l'Espoir comptera aussi sur le soutien d'Éric Lucas. «J'ai passé une bonne partie de ma vie (à Saint-Michel) et je suis fier d'être là aujourd'hui», dit-il.

Le gala annuel a lieu le vendredi 6 mai à 19h à la TOHU.