Se déclarant «froissée» par le traitement accordé à la langue française aux Jeux olympiques de Vancouver, Michaëlle Jean vérifiera que les Anglais lui accorderont une bonne place l'année prochaine pendant les Jeux de Londres.

De passage à Paris mercredi, l'ancienne gouverneure générale du Canada a officiellement accepté d'être dans la capitale anglaise le «Grand Témoin de la Francophonie».

C'est le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, qui lui avait proposé d'occuper ce rôle.

Le français a le statut de langue officielle aux Jeux olympiques. Depuis ceux d'Athènes en 2004, un «grand témoin» est chargé de vérifier que cette règle est respectée.

À Londres, Mme Jean, devenue envoyée spéciale de l'Unesco en Haïti depuis son départ de Rideau Hall, devra «observer la place de la langue française et promouvoir son usage», rappelle l'OIF.

Michaëlle Jean a indiqué qu'elle avait accepté «avec beaucoup d'enthousiasme et conviction» la proposition que lui avait faite Abdou Diouf, «sensible à son engagement au service de la Francophonie».

«J'estime qu'il faut rappeler avec beaucoup de vigueur la place du français dans cet espace qui rassemble les peuples, a expliqué Mme Jean. Il allait de soi que j'aille prêter main-forte à l'OIF. Les Jeux de Londres sont une occasion de faire rayonner la langue française. Il faut être dans un état de vigilance constante si l'on veut que le français ait une résonance.»

Langue fondatrice éclipsée par l'anglais, le français apparaît en constant déclin au sein du mouvement olympique. En 2010, les Jeux de Vancouver avaient confirmé ce constat de manière d'autant plus criante que le Canada est un pays officiellement bilingue.

Michaëlle Jean, qui était encore gouverneure générale à l'époque, a admis mercredi qu'elle avait elle-même «été froissée en tant que francophone».

De passage à Vancouver, Abdou Diouf avait lui-aussi affiché sa déception.

«Dans un pays officiellement bilingue, je pensais que ça allait être les feux d'artifice, que le pays allait avoir 20 sur 20. Mais je me trompais», avait déclaré l'ancien président sénégalais, au quotidien Le Devoir.

Michaëlle Jean est la deuxième Québécoise (et aussi la deuxième femme) nommée Grand Témoin de la Francophonie. À Turin, en 2006, Lise Bissonnette, ancienne patronne du Devoir et alors directrice de la Bibliothèque nationale du Québec, avait tenu ce rôle.

Elle avait livré un rapport «sans optimisme» à la vue du français devenant «une langue de cérémonie, une étiquette à laquelle on continue à déférer dans les occasions d'élégance, tandis qu'à l'usage il n'est plus qu'une langue seconde ou tierce, au mieux».

Parmi les autres prédécesseurs de Mme Jean figurent l'ancien patron de France Télévision, Hervé Bourges (Athènes), et l'ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin (Pékin).