«C'est le pire cauchemar qu'un parent d'enfant autiste peut vivre. C'est tout simplement épouvantable.»

Comme plusieurs parents d'enfants atteints de troubles envahissants du développement, l'animateur Charles Lafortune a été ébranlé par la disparition d'Adam Benhamma, jeune autiste de 3 ans qui manque à l'appel depuis dimanche après-midi.

Le soir même, Charles Lafortune a relayé l'avis de recherche de la police de Laval sur Twitter. «Bien triste façon de commencer le mois de l'autisme», a-t-il écrit, faisant référence au fait qu'avril est le mois de l'autisme au Québec.

Lundi, sa journée à la radio a été plus difficile que d'habitude. «Je pensais à cet enfant-là qu'on ne peut appeler et qui ne peut retrouver son chemin par lui-même, a-t-il dit. J'ai tellement de compassion pour ses parents.»

Porte-parole de la fondation À pas de géant, Charles Lafortune parle en connaissance de cause. Il se souvient d'avoir perdu la trace de son fils Mathis, l'an dernier, lors d'un voyage aux États-Unis. Mathis, aujourd'hui âgé de 9 ans, avait échappé à sa surveillance et s'était engouffré dans un ascenseur.

«J'ai eu le coeur à l'envers», a résumé son père, qui l'a rapidement retrouvé. «Souvent, ces enfants-là n'ont pas la notion de la peur et bougent super vite, a souligné Charles Lafortune. Ils doivent être surveillés tout le temps. Tout le temps.»

Ressources insuffisantes

Malheureusement, selon Carmen Lahaie, présidente d'Autisme Montréal, les ressources à la disposition des parents sont nettement insuffisantes. «Lorsque j'ai appris que le petit garçon avait disparu, je me suis dit: encore des parents qui sont abandonnés à eux-mêmes», a résumé Mme Lahaie, dont le fils Jérémie, 31 ans, est atteint d'autisme.

Carmen Lahaie déplore le manque de financement et le manque de services offerts à la clientèle autiste. Malgré les promesses du gouvernement de Jean Charest, en 2003, les listes d'attente dans les centres de réadaptation sont toujours aussi interminables, dit-elle. Il manque également de maisons de répit et de gardiennes spécialisées.

Mère de cinq enfants, Carmen Lahaie aurait bien aimé obtenir de l'aide extérieure lorsque son fils était tout petit. Une nuit, elle s'était assoupie à côté de lui. Son fils, qui était alors âgé de 4 ans, en avait profité pour ouvrir les quatre ronds du poêle et pour s'enfuir de la maison.

Charles Lafortune déplore lui aussi le manque de services offerts aux parents. «Lorsque nous nous sommes informés auprès du centre de réadaptation, on nous a dit qu'il y avait deux ans et demi d'attente», a-t-il dit.

Aujourd'hui, son fils Mathis est inscrit à l'école À pas de géant, un établissement d'enseignement privé destiné aux enfants autistes de 4 à 21 ans. «Si on a des sous, on peut recevoir des services. Mais si on n'en a pas, c'est just too bad», a conclu Charles Lafortune.