L'homme d'affaires et ex-maire de Longueuil Jacques Olivier en appelle à la responsabilité des élus fédéraux pour réclamer la création d'ici à l'été d'un bureau de projet en vue du remplacement du pont Champlain.

En entrevue à La Presse, hier, M. Olivier a affirmé que le gouvernement du Canada «a des responsabilités envers la santé économique du Québec et la sécurité des automobilistes». Or, soutient-il, la construction d'un nouveau pont est devenue nécessaire pour assurer l'une et l'autre.

Une semaine après avoir accepté le rôle de porte-parole d'une coalition d'élus et d'organismes qui réclame un nouveau pont, Jacques Olivier, joint en Floride, a assuré que la campagne électorale en cours n'est pas une excuse pour retarder un engagement fédéral en ce sens.

M. Olivier a été «étonné» par les deux rapports sur l'état et l'avenir du pont Champlain, produits par la firme de génie Delcan, dont les conclusions ont été rendues publiques il y a deux semaines. II a été surpris que des ingénieurs soulèvent aussi ouvertement le risque d'effondrement partiel du pont Champlain.

Les rapports recommandent d'accélérer le processus en vue du remplacement du pont d'ici 10 ans.

Ancien député libéral de la Rive-Sud dans les années 70 et 80, maire de Longueuil au début des années 2000, M. Olivier reviendra au Québec au début de la semaine prochaine. Dans les jours qui suivent, la coalition Champlain en chantier devrait faire connaître les moyens qu'elle entend prendre pour convaincre les partis fédéraux de la nécessité de lancer rapidement un projet dont le coût minimum devrait s'établir autour de 2 milliards de dollars.

«Je ne fais plus de politique, assure-t-il, mais je peux vous assurer que si un rapport semblable affirmait la même chose à propos du pont entre Windsor et Detroit, par exemple, il y aurait déjà des gens en train de travailler au dossier. Et c'est normal, parce que le pont Windsor-Detroit est essentiel aux échanges entre le Canada et les États-Unis et à la santé économique du pays.

«Le pont Champlain est tout aussi essentiel pour la région métropolitaine, soutient-il. Ce n'est pas juste un pont qui permet de circuler d'une rive à l'autre, c'est une infrastructure économique de première importance. Et comme presque 70% des activités économiques au Québec viennent de la région métropolitaine, c'est tout le Québec qui serait touché si on devait perdre le pont Champlain.»

L'importance stratégique du pont Champlain, où transitent des marchandises dont la valeur totalise 20 milliards par année, explique que l'on ait pu mobiliser aussi rapidement des chambres de commerce, le Conseil du patronat, les 82 municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal et une quinzaine d'autres organismes, soutient le porte-parole de la coalition.

Signe encourageant, souligne-t-il, les candidats conservateurs de la Rive-Sud ont même publié une déclaration commune pour appuyer la coalition le jour même de sa création.

En revanche, M. Olivier n'a pas commenté directement le refus du maire de Brossard, Paul Leduc, de travailler avec lui en raison de différends qui remontent aux fusions et défusions des municipalités. Brossard avait alors été brièvement fusionné à la ville de Longueuil, dont M. Olivier était le maire.

«Que voulez-vous, a dit l'ancien maire de Longueuil. Ce n'est pas moi qui ai signé les lois sur les fusions et les défusions, à l'époque. L'important, c'est que nous soyons unis dans un but commun et de travailler ensemble pour obtenir un nouveau pont. Je ne pense pas que des différends personnels vont compromettre notre unité.»