Depuis deux ans, le centre jeunesse de Montréal impose un code vestimentaire à tous ses employés. « On voyait des éducatrices habillées de façon très inconvenante. Travailler en camisole sans soutien-gorge, c'est beaucoup trop provocant dans un milieu de gars de 12-18 ans! explique un professionnel du centre jeunesse. Aujourd'hui, l'hypersexualisation des jeunes s'observe même au sein du personnel. «

À l'occasion, les employées ont été obligées de regagner leur domicile pour se changer.

Témoin expert dans plusieurs causes impliquant des délits sexuels, le psychologue Hubert Van Gijseghem met aussi les éducateurs en garde. « Je suis souvent frappé par l'imprudence de ceux qui se retrouvent en cour. Ils ne veulent pas faire de gestes douteux, mais ils sont taponneux, familiers. Ils n'inspirent plus aucun respect aux jeunes, qui s'en prennent tout particulièrement à eux. «

Chose certaine, le climat est bien particulier à Cité-des-Prairies, où 47% des 127 éducateurs sont des femmes, alors que tous les jeunes clients sont des hommes. Lors des fouilles, on a déjà trouvé dans certaines chambres des photos d'éducatrices en maillot de bain, qui semblaient avoir été récupérées sur le site Facebook.

Des jeunes ont par ailleurs trouvé le moyen de percer un mur pour observer les éducatrices qui utilisaient les toilettes jouxtant leur unité. Et certains se masturbent debout derrière leur porte, en les regardant.

L'éducatrice interrogée au procès pour meurtre d'un jeune du centre a dû expliquer pourquoi elle n'a rien noté au registre lorsqu'elle s'est retrouvée dans le noir, avec un jeune en érection. « On en voit tous les jours, des garçons en érection, a-t-elle répondu. C'est banal pour moi. «

C'est un crime de toucher le corps d'un enfant âgé de moins de 16 ans à des fins d'ordre sexuel. Ce l'est aussi d'inviter un enfant de cet âge à se toucher. Lorsque l'enfant a 16 ou 17 ans, ces gestes restent criminels s'il s'agit d'un adulte en situation de confiance ou d'autorité.