Yves Lavoie n'a même pas mis un pied dehors. Il n'a pas eu à se rendre au centre-ville, n'a pas dû attendre en file et n'a pas été bousculé par une horde de consommateurs en furie.

Le Boxing Day de ce résidant de la Rive-Sud a plutôt eu lieu dans le confort de son salon le... 24 décembre! Comme des milliers d'autres Québécois, M. Lavoie a décidé de profiter des soldes d'après Noël en ligne: une tendance qui prend de l'ampleur, selon une nouvelle étude.

Depuis quelques années, plusieurs détaillants offrent aussi sur l'internet l'ensemble de leurs soldes d'après Noël. Encore mieux, il ne faut pas attendre jusqu'au 26 décembre pour en profiter. Certains grands détaillants, comme Future Shop et BestBuy, ont permis cette année à leurs clients de bénéficier des traditionnels soldes dès la soirée du 24 décembre.

«Je n'irais jamais me geler dehors à attendre en file pendant des heures juste pour faire une bonne affaire, explique Yves Lavoie, 50 ans. Je n'avais jamais vraiment profité du Boxing Day avant cette année. Mais j'aime bien acheter en ligne, alors quand j'ai vu les rabais, j'en ai profité.»

Il a acheté un ordinateur portable pour son fils de 18 ans. En revenant du réveillon, en pleine nuit, il a pu acheter de sa maison ce que des hordes de consommateurs se sont disputé avidement hier.

Année après année, l'achat en ligne ne cesse de croître à Noël au pays, et encore davantage au Québec. Le nombre d'articles achetés sur l'internet dans la période des Fêtes a bondi de 7,5% au Canada cette année par rapport à 2009. Au Québec, la hausse est plutôt de 20%, selon la firme Moneris Solutions, qui se spécialise dans les transactions électroniques.

Le phénomène des soldes d'après Noël virtuels est cependant plus pointu et plus récent. Il attire moins d'attention que les traditionnelles files de consommateurs du 26 décembre, mais il est pourtant en forte progression. La période immédiatement après Noël serait même plus propice à la consommation sur l'internet.

«On remarque qu'avant Noël, certains consommateurs s'inquiètent de la livraison: ils se demandent si l'article qu'ils achètent sera livré à temps, explique Thierry Lopez, porte-parole de Future Shop. Mais pour les soldes d'après Noël, il y a moins de presse. La livraison n'est plus un réel facteur. Le prix l'est, par contre.»

Les foules du 26 décembre pourraient-elles être rendues obsolètes par l'internet? Les grands détaillants assurent que non. «Il s'agit d'un complément intéressant au Boxing Day traditionnel», note Patrick Lavoie, porte-parole de Best Buy.

Certains clients sont moins sûrs. Il y a quelques années, Martin Deschesnes a attendu trois heures devant un magasin de plein air un 26 décembre. Cette année, il a préféré profiter des soldes en ligne. «Aller attendre en file, me faire bousculer aux caisses, je ne referai plus jamais ça, dit l'homme de 42 ans. Ce n'est vraiment pas mon truc.»

L'année prochaine, il prévoit encore profiter des soldes d'après Noël au moyen de son ordinateur. Il n'ira pas jouer du coude dans les grands magasins. Les milliers de Montréalais qui choisiront de le faire pourront le remercier: il y aura un peu moins de clients au mètre carré.