Le rapport sur l'emploi aux États-Unis que doit publier aujourd'hui le département du Travail américain devrait témoigner d'un net ralentissement des licenciements en octobre, mais aussi d'une nouvelle poussée du chômage, qui pourrait atteindre le seuil symbolique de 10%.

L'enquête du cabinet ADP publiée mercredi a révélé un ralentissement des licenciements nets dans le secteur privé en octobre.

Les chiffres publiés chaque jeudi par le département du Travail sur les nouveaux chômeurs inscrits mettent également en évidence un ralentissement des licenciements ce mois-là, après leur accélération-surprise de septembre.

Les analystes prévoient que les chiffres d'aujourd'hui devraient marquer un retour à la baisse des licenciements (conformément à la tendance entamée au printemps), et faire apparaître 175 000 destructions d'emplois en octobre, ce qui reste très élevé, mais inférieur aux 263 000 de septembre.

La poursuite des suppressions d'emplois devrait faire grimper le chômage à un nouveau point haut. Le consensus des analystes attend un taux de 9,9% (contre 9,8% en septembre), du jamais vu depuis juin 1983, quand le chômage était à 10,1%.

Certains, comme ceux du site Briefing.com, pensent que la barre de 10% devrait être atteinte, ce qui rapprocherait un peu plus le chômage du taux maximum de 10,1% prévu par la banque centrale (Fed) pour cette année.

Le seuil des 10% est hautement symbolique dans la mesure où les chiffres du ministère ne donnent qu'un aperçu partiel du fléau que représente le chômage.

Un des dirigeants de la Fed estimait fin août, quand le chômage n'était encore officiellement qu'à 9,4%, que son taux réel était de 16% en tenant compte des chômeurs dits «découragés» et des personnes que la crise contraint à travailler à temps partiel alors qu'elles voudraient un emploi à plein temps.

Inquiétudes

La montée sans interruption du chômage inquiète économistes et dirigeants car, outre son coût social, elle risque de faire dérailler la reprise commencée pendant l'été en réduisant fortement la propension des ménages à consommer, alors que leurs dépenses sont en temps normal le principal moteur de la croissance du pays.

Comme le reconnaît le gouvernement, la bataille de l'emploi est loin d'être gagnée. Craignant la formation d'un cercle vicieux, les dirigeants de la Fed ont laissé publiquement percer en octobre leur crainte que la croissance ne soit pas assez forte en 2010 pour faire baisser «sensiblement» le chômage.

En conséquence, ils ont indiqué mercredi que la banque centrale était encore bien loin de retirer son soutien énorme à l'économie.

Face à ces perspectives sombres, une lueur d'espoir est apparue hier avec la publication des chiffres de la productivité américaine, qui a bondi de 9,5% en rythme annuel pendant l'été, du jamais vu depuis six ans, du fait d'une reprise de la production accompagnée d'une chute des heures travaillées.

Plusieurs économistes estiment que ce rythme n'est pas tenable, comme Michelle Meyer, de Barclays Capital, pour qui «les entreprises vont devoir commencer à augmenter les heures travaillées et à embaucher vers le tournant de l'année».