Des résultats trimestriels de sociétés d'assurances aux lendemains d'une crise du crédit, c'est comme une boîte de chocolats, dirait la maman de Forrest Gump. Vous ne savez jamais sur quoi vous allez tomber...

On en a eu la preuve hier alors que la Great-West, la Sun Life et la Financière Manuvie ont servi un joyeux plat de bonbons mélangés aux investisseurs lors du dévoilement de leurs résultats du troisième trimestre.

Des profits légèrement sous les attentes à la Great-West; des pertes qui s'atténuent par rapport à l'an dernier à la Sun Life; un bon plongeon dans le rouge du côté de la Manuvie. Malgré des résultats très contrastés, le marché, lui, a répondu par la négative partout.

L'action de la Great-West a perdu 1,37%, tandis que Manuvie cédait 3,55% et que la Sun Life reculait de 6,48%.

Rappelons que la veille, l'Industrielle Alliance avait surpris les investisseurs avec des profits en hausse de 17%. Après avoir gagné 3,8% la veille, l'action a perdu 0,66% hier.

Quelles conclusions tirer de ce bilan de santé des assureurs? D'abord qu'après avoir frappé les sociétés d'assurance de plein fouet, la crise du crédit n'a pas fini de les embêter. Ensuite que ce sont les entreprises qui avaient pris le plus de risques avant la crise... qui paient aujourd'hui le plus.

Débutons par le meilleur. La Great-West a été la seule entreprise à annoncer des profits, hier. L'entreprise a dégagé un bénéfice de 445 millions ou 0,471$ par action, un peu moins que les prévisions des analystes (0,48$) et que les résultats au même trimestre l'an dernier (0,487$).

Comme tous les assureurs, la Grest-West collecte des primes auprès de ses clients et investit l'argent récolté pour le faire fructifier. Elle a ainsi profité de vents contraires: une hausse fulgurante du marché des actions, mais des taux d'intérêts faméliques du côté des obligations, ce qui a fait entrer moins d'argent que prévu.

En plus d'investir l'argent des primes d'assurance pour les faire fructifier, un assureur doit aussi prévoir les paiements qu'il doit verser à ses clients à l'aide d'hypothèses actuarielles très complexes.

Ici, la «prudence» récompense la Great-West, note Stephen Gauthier, gestionnaire de portefeuilles principal et stratège chez Demers Valeurs mobilières. L'entreprise n'a pas eu à revoir de façon importante les réserves nécessaires pour payer ses clients.

Pertes

C'est loin d'être le cas de la Financière Manuvie, qui a creusé des pertes de 172 millions au cours du trimestre, un renversement par rapport aux 510 millions de profits annoncés à la même période l'an dernier.

Où est le problème? Stephen Gauthier pointe du côté des produits «à fonds distincts assortis de garanties».

Juste avant la crise du crédit, Manuvie a eu l'audace d'offrir des produits financiers qui assuraient aux clients de conserver leur capital. Mieux: les fonds de Manuvie garantissaient même des versements annuels... peu importe le comportement du marché.

Inutile de décrire la suite: la Bourse a planté, et Manuvie a dû «éponger les pertes de ses clients», explique M. Gauthier. Et, léger détail, l'entreprise ne s'était pas protégée contre les risques de ces produits.

Manuvie a annoncé hier qu'elle mettait 469 millions de côté seulement pour se tirer d'affaires avec ce type de produits.

L'entreprise a aussi dû se constituer des réserves supplémentaires de 314 millions parce que la volatilité des marchés et des taux d'intérêts l'ont obligé à revoir ses prévisions initiales.

Même scénario du côté de la Sun Life, qui a aussi dû augmenter ses réserves de 513 millions à cause des fluctuations des marchés et des taux d'intérêt. La Sun Life a aussi été obligée de se créer un coussin de 194 millions supplémentaires parce que la qualité de plusieurs de ses placements a été dégradée à cause de la crise. Et dans le monde de l'assurance, plus les placements sont risqués, plus il faut prévoir des réserves.

L'entreprise s'en tire donc avec des pertes de 140 millions, tout de même une amélioration par rapport aux pertes de 396 millions au même trimestre l'an dernier.

La Sun Life a annoncé qu'elle prévoit que ses profits se «normaliseront» dans une fourchette située entre 1,4 et 1,7 milliard pour l'année prochaine, alors qu'ils se chiffraient à environ 2,1 milliards entre 2005 et 2007.

RÉSULTATS DU TROISIÈME TRIMESTRE

Great-West

Profits de 445 millions, amélioration de 2% par rapport à l'an dernier

Financière Manuvie

Pertes de 172 millions, baisse de 133% par rapport à l'an dernier

Financière Sun Life

Pertes de 140 millions, amélioration de 64% par rapport à l'an dernier