Claude Lévi-Strauss s'est éteint, à quelques jours de son 101e anniversaire. L'auteur de Tristes tropiques avait consacré sa vie à l'étude des peuples dits «primitifs», aux symboles et aux structures de groupe. Considéré comme le père de l'anthropologie moderne, il a été l'un des intellectuels les plus influents du XXe siècle. Son décès a été annoncé hier par l'Académie française, dont il était membre et qui lui rendra hommage demain, et l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). D'après son éditeur, Plon, il serait mort samedi. Claude Lévi-Strauss est né le 28 novembre 1908 à Bruxelles, de parents français, d'origine juive alsacienne. Rentré en France après le Deuxième Guerre mondiale, il est devenu maître de recherches au Centre national de la recherche scientifique, puis sous-directeur du musée de l'Homme, et ensuite directeur d'études à l'École pratique des hautes études. En 1955, il a publié Tristes Tropiques, récit de voyages qui a bouleversé la pensée occidentale et lui a apporté la célébrité. Il a publié ensuite Le totémisme aujourd'hui (1962), les deux tomes de l'Anthropologie structurale (1958 et 1973), La pensée sauvage (1962) et les quatre tomes des Mythologiques, de 1964 à 1971, Des symboles et leurs doubles (1989) et Regarder écouter lire (1993). Claude Lévi-Strauss, anthropologue méfiant envers les philosophes, a accompli un travail transdisciplinaire. Il est l'un des pères du structuralisme, dont l'influence rayonne durablement dans les sciences humaines, en littérature et en psychanalyse. Il a élaboré une théorie globale des interactions entre le symbolique, le corps et le groupe avant d'étudier la pensée sauvage, à l'oeuvre dans les systèmes logiques et classificatoires des peuples autochtones et des sociétés occidentales, et dans le vaste ensemble des mythes des indiens d'Amérique du Sud et du Nord. Claude Lévi-Strauss a bâti son travail en opposition à la vision ethnocentrique des civilisations véhiculée par la philosophie marxiste de l'histoire, et combattu vigoureusement l'idée selon laquelle les sociétés primitives auraient plus à voir avec la nature qu'avec la culture. Il a été élu à l'Académie française au 29e fauteuil, celui d'Henry de Montherlant, le 24 mai 1973.