Files d'attente de plusieurs heures, grande disparité entre les régions: la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1) connaît des ratés depuis une semaine. Québec a annoncé hier des mesures qui devraient permettre de mieux gérer la situation, notamment en instaurant un système de coupons et en harmonisant les calendriers de vaccination.

Préoccupé par les disparités entre les régions, le ministère de la Santé a devancé la campagne de vaccination des jeunes enfants à Montréal et à Laval. Les autorités s'apprêtent également à uniformiser les périodes de vaccination de la clientèle générale. Enfin, un système de coupons sera mis en place partout au Québec pour éviter les longues files d'attente.

Dans l'île de Montréal, les enfants de 6 mois à 5 ans pourront recevoir le vaccin contre la grippe A (H1N1) dès demain, soit quatre jours plus tôt que prévu. À Laval, les enfants de 6 mois à 4 ans pourront eux aussi se faire vacciner à partir de demain, soit 10 jours en avance sur le calendrier établi au début de la semaine.

Les autorités devancent également la période de vaccination des femmes enceintes dans l'île de Montréal. Au lieu d'avoir le vaccin à compter de lundi, celles qui ont au moins 20 semaines de grossesse ou qui souffrent d'une maladie chronique pourront le recevoir dès demain.

L'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal fera l'annonce officielle de ces changements aujourd'hui.

Clientèle générale

Le ministère de la Santé entend également réévaluer les horaires de vaccination pour les clientèles générales, c'est-à-dire les jeunes et les adultes en bonne santé.

«Ce qu'on a convenu de faire, et très rapidement, c'est de travailler sur une formule beaucoup plus homogène, a déclaré le directeur national de la santé publique du Québec, Alain Poirier. On va donner des consignes pour que ça se ressemble d'une région à l'autre.» Le Dr Poirier a indiqué que les modalités seraient précisées «rapidement».

Les autorités ont décidé de revoir leur plan devant l'ampleur des inégalités qui existaient entre les régions du Québec.

Les Montréalais et les Lavallois étaient particulièrement désavantagés par le plan initial. Par exemple, les jeunes enfants de la Montérégie reçoivent le vaccin depuis lundi, alors qu'on ne prévoyait vacciner ceux de Laval qu'à partir du 15 novembre. Autre inégalité: la population en bonne santé des Laurentides pourra recevoir le vaccin à compter du 16 novembre, selon le plan actuel. Jusqu'à nouvel ordre, les Montréalais devront pour leur part patienter jusqu'au 7 décembre.

Selon le ministre de la Santé, Yves Bolduc, ces disparités sont essentiellement dues au fait que Montréal compte davantage de travailleurs de la santé, lesquels ont été vaccinés en priorité. Les doses ont été distribuées aux régions en proportion du nombre d'habitants.

Coupons et cafouillage

Par ailleurs, les autorités ont mis sur pied un système de distribution de coupons pour éviter les longues files d'attente. Rappelons que lundi, en Montérégie, des gens ont fait le pied de grue pendant quatre, cinq et même six heures devant les centres de vaccination.

Dans les lieux qui connaissent une forte demande, les employés distribueront vers 6h des coupons dont le nombre total correspondra au nombre de doses disponibles pour la journée.

Pour recevoir un coupon, les gens devront faire partie des groupes ciblés et résider dans la région. Au lieu d'attendre sur place, ils pourront rentrer à la maison et revenir à une heure prédéterminée pour recevoir le vaccin. Les parents qui souhaitent faire vacciner leurs enfants pourront aller chercher les coupons sans les emmener avec eux.

«Évidemment, cette mesure n'éliminera pas totalement l'attente, mais elle aura néanmoins le mérite de la réduire pour qu'elle soit plus raisonnable», a déclaré Yves Bolduc. Il espère que les gens ne se présenteront pas plusieurs heures à l'avance pour recevoir un coupon.

La méthode a déjà été testée avec succès dans la région de Gatineau, a indiqué le ministre. Elle sera déployée dès aujourd'hui en Montérégie, dans les Laurentides et dans la région de Québec. À Montréal, cette mesure sera utilisée à compter de demain.

Lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a dénoncé le «cafouillage» dans la mise en oeuvre de la campagne de vaccination.

«Le ministre de la Santé du Québec est complètement dépassé par les événements. Et le premier ministre, lui, reste sans voix, les bras croisés, à regarder ce cafouillage dont la population est victime», a-t-elle lancé.

Jean Charest a reconnu qu'«il y a des endroits où ça va moins bien. Par exemple, les files d'attente, oui, c'est trop long. Que des gens attendent aussi longtemps, c'est inacceptable. Et nous allons corriger cette situation-là pour que nous puissions mieux servir les gens».

Le virus progresse

Par ailleurs, la grippe A (H1N1) continue de progresser au Québec. Depuis trois jours, 57 patients ont été hospitalisés dans la province. Toutefois, le virus n'est pas plus virulent qu'il y a six mois, a indiqué Alain Poirier.

Les autorités ont annoncé hier que le vaccin sans adjuvant sera disponible pour les femmes enceintes dimanche ou lundi. Entre-temps, ces dernières peuvent toujours recevoir le vaccin ordinaire, a réitéré le Dr Poirier.

Cette semaine, la production de vaccins sans adjuvant a retardé la production de vaccins qui en contiennent, laquelle reprendra la semaine prochaine.

Des «cliniques de grippe», destinées à accueillir les patients atteints de symptômes grippaux, ont été mises sur pied dans quatre régions du Québec. En tout, six sont déjà ouvertes et une dizaine d'autres le seront d'ici la fin de la semaine.

Avec Tommy Chouinard