Le marché de l'or, sorti renforcé de la crise financière, est promis à un brillant avenir, aidé par des fondamentaux solides et l'appétit des épargnants, ont affirmé hier des participants au plus grand rassemblement annuel du secteur des métaux précieux.

Depuis la chute de Lehman Brothers il y un peu plus d'un an, la ruée des investisseurs vers l'or a été époustouflante.

Le mois dernier, le roi des métaux précieux s'est élevé jusqu'à 1070,80$US l'once sur le marché au comptant. Il a ainsi battu son précédent record historique, à 1032,70$US, qui remontait au printemps 2008.

Hier, il a grimpé de 19,30 $US à 1059,70$US et affiche un gain de plus de 20% depuis le début de l'année.

«Pas mal pour une relique barbare», a plaisanté Mark Lynam, patron d'AngloGold Ashanti, troisième producteur mondial d'or, et l'un des orateurs-vedettes de la 10e conférence du marché londonien des métaux précieux, le London Bullion Market, organisée à Édimbourg.

Selon lui, «les perspectives de l'or, bien que difficiles à prédire à court terme, sont très saines».

Les facteurs favorables sont en effet multiples, à commencer par la production minière, qui décline depuis le début de la décennie, en raison d'une baisse du rendement des mines anciennes, d'un manque de découverte de nouveaux filons et d'une hausse des coûts, qui décourage les investissements.

En face, la demande pour l'or a connu un formidable regain grâce à la crise, qui a provoqué «un changement fondamental de dynamique sur le marché», et a instauré un «nouvel état d'esprit en Occident», a expliqué Mehdi Barkhordar, directeur de la société suisse PAMP, un des principaux fabricants de pièces et lingots en or de la planète.

L'or est devenu soudainement un refuge pour les épargnants européens et américains, qui ont redécouvert les avantages du «seul type d'actif réellement sûr», dans la mesure où sa valeur, contrairement aux autres placements financiers (comme les actions et obligations), n'est pas liée à un émetteur susceptible de faire faillite.

Les petits investisseurs

Une analyse partagée par Aram Shismanian, qui dirige le Conseil mondial de l'or, pour qui le métal jaune a été transformé par la crise, et n'est plus désormais réservé aux spécialistes.

Alors que la demande joaillière dictait autrefois les cours, ce sont désormais les petits investisseurs qui tirent les prix à la hausse, aidés notamment par la multiplication des ETF (fonds indiciels cotés), des produits financiers plus pratiques que les traditionnels lingots et pièces.

Selon lui, l'or est aussi recherché de plus en plus par des investisseurs institutionnels soucieux de diversifier et protéger leur patrimoine, comme les fonds de retraite américains.

Enfin, alors que les banques centrales avaient vendu depuis 1999 des milliers de tonnes d'or, cette tendance est appelée à se renverser et elles devraient devenir acheteuses nettes dans les années qui viennent, selon le patron du Conseil mondial de l'or.

Certes, la Banque centrale européenne a conclu l'été dernier un nouvel accord de vente de réserves d'or avec plusieurs de ses homologues (prévoyant la vente de 2000 tonnes maximum sur cinq ans), et le FMI a lui-même décidé récemment de se délester de plus de 400 tonnes de métal jaune. Mais au niveau mondial, l'or ne représente que 2% des réserves de changes, les banques centrales des pays émergents en détenant peu, et David McWilliams, économiste irlandais, se dit convaincu que des pays comme la Chine chercheront à réduire leurs réserves en dollars, au profit «d'actifs réels» comme l'or.