Pendant que la ruée vers les centres de vaccination se poursuit, et qu'un deuxième décès est enregistré au Québec depuis le début de la deuxième vague de grippe A (H1N1), plusieurs se questionnent sur les inégalités qui existent entre les régions du Québec.

Ainsi, la vaccination a débuté hier, en Montérégie, pour les enfants de 6 mois à 5 ans. Mais cette même clientèle devra attendre une semaine de plus, à Montréal, avant d'obtenir le vaccin.

Dans les Laurentides, l'ensemble de la population en bonne santé pourra se faire vacciner à compter du 16 novembre, tandis qu'à Montréal, il faut attendre jusqu'au 7 décembre.

Pourquoi ces disparités? «La région de Montréal est un cas particulier», a expliqué d'entrée de jeu le ministre de la Santé, Yves Bolduc, en entrevue à La Presse.

Montréal compte beaucoup plus de travailleurs de la santé que les autres régions. Il faut donc plus de temps pour les vacciner. La région de Montréal s'est aussi occupée de l'envoi des doses de vaccins dans le Grand Nord, ce qui a compliqué la logistique.

Le ministre s'est néanmoins montré préoccupé par la situation. «Nous avons demandé à l'Agence de santé de Montréal s'il est possible de devancer la campagne pour les clientèles vulnérables», a ajouté M. Bolduc. Une conférence téléphonique a eu lieu à ce sujet hier soir.

L'exemple de l'Alberta

Malgré tout, le ministre a affirmé que si tout était à repenser, il procéderait de la même façon. «Quand on voit ce qui se passe en Alberta, je pense qu'au Québec, nous avons pris une bonne décision», a lancé M. Bolduc.

L'Alberta a manqué de vaccins hier, ce qui a forcé la fermeture temporaire des cliniques de vaccination. Dans cette province, les groupes à risque n'ont pas toujours eu priorité sur la population en général, ce qui a fini par causer une pénurie de vaccins.

Le directeur national de la santé publique, le Dr Alain Poirier, a expliqué pour sa part que le Québec a dû choisir entre deux objectifs: vacciner le plus rapidement ou vacciner les mêmes groupes en même temps, au risque de retarder la vaccination dans certaines régions.

«Entre les deux, nous avons choisi d'offrir les doses le plus rapidement possible», a indiqué le Dr Poirier, tout en reconnaissant que «dans le meilleur des mondes, tout le monde serait pareil, mais on ne voulait pas tout retarder».

Au bout du compte, toutes les régions auront toutefois reçu le nombre de doses proportionnel à leur population, a assuré le Dr Poirier.

Décès et funérailles

Par ailleurs, les funérailles du jeune Evan Frustaglio, ce jeune hockeyeur ontarien décédé subitement la semaine dernière, se sont tenues hier. La grippe A (H1N1) a d'abord été identifiée comme la cause du décès, mais des informations ont circulé à l'effet qu'il serait plutôt mort de la méningite. Les autorités de santé publique de l'Ontario ont par la suite précisé qu'il était bien mort après avoir contracté le virus. Des doutes persistent tout de même puisqu'aucune autopsie n'a été pratiquée.

Au Québec, un deuxième décès vient d'être enregistré depuis le début de la deuxième vague. Il s'agit d'une jeune femme de 26 ans de la région de l'Outaouais qui souffrait d'une maladie chronique.

Le décès de jeunes en raison de la grippe A (H1N1) au cours des derniers jours a ravivé le débat pour une vaccination dans les écoles. Ce ne sera pas le cas, sauf en de rares régions qui en ont décidé ainsi, a déclaré le Dr Alain Poirier.

L'une des exceptions est la région de Lanaudière, où la vaccination doit débuter dans les écoles la semaine prochaine, une fois que les groupes à risque auront été vaccinés.

«Cette décision a été prise il y a plusieurs semaines déjà pour une question de logistique. Le territoire est vaste et il est plus facile ainsi de rejoindre la clientèle. Mais ce ne serait pas possible de procéder de la sorte dans toutes les régions», a convenu la responsable des communications à l'agence de santé et de services sociaux de Lanaudière, Sophie Vallerand.

Nouvelle étude américaine

En ce qui concerne les femmes enceintes et les jeunes enfants - également des groupes à risque -, une nouvelle étude américaine semble démontrer qu'une seule dose de vaccin sans adjuvant pourrait suffire aux femmes enceintes.

Pour les enfants de moins de 10 ans, deux doses pourraient toutefois être nécessaires de ce même vaccin sans adjuvant. Au Canada, où le vaccin avec adjuvant est offert aux enfants, le gouvernement évalue toujours la question, à savoir si une ou deux doses seront nécessaires.