Le chien d'Arturo Gatti restera-t-il au Québec avec la mère du boxeur mort, ou s'envolera-t-il vers le Brésil avec la veuve, Amanda Rodrigues, comme celle-ci le réclame? Voilà une des questions auxquelles le juge Paul Chaput doit répondre pour le moment, dans l'épineux litige lié à la succession d'Arturo Gatti.

Depuis la mort tragique du boxeur au Brésil le 11 juillet dernier, Mme Rodrigues n'avait pas remis les pieds au Québec. La femme de 23 ans est arrivée à Montréal récemment afin de régler des détails pressants de la succession contestée du boxeur et de réclamer de l'argent pour vivre. Selon le dernier testament de Gatti, fait trois semaines avant sa mort, Mme Rodrigues et l'enfant né il y a un an de leur union héritent des deux tiers de sa fortune, dont la valeur oscillerait entre 6 et 10 millions. L'autre tiers va à une fille que le boxeur a eue d'une union précédente.

La mère et le frère du boxeur, Ida et Fabrizio, contestent la validité de ce testament, estimant qu'il y a eu captation de la part de Mme Rodrigues. Ils pensent qu'elle a manipulé son mari et qu'elle a une responsabilité dans sa mort. Selon eux, c'est le testament précédent, fait en avril 2007 au New Jersey, qui doit primer. Dans ce testament, la mère du boxeur se voyait attribuer une somme de 500 000$, et le frère héritait des bijoux et des voitures.

La bataille judiciaire s'annonce rude, mais elle en est seulement à ses débuts. En attendant, se disant sans le sou et sans revenus, Mme Rodrigues demande une avance de 150 000$ pour son fils et elle, ainsi que des sommes pour payer ses avocats. Elle veut aussi avoir accès aux voitures de son défunt mari quand elle est ici et réclame le chien, qui fait, selon elle, partie du patrimoine familial. Celui-ci avait été confié à la mère du boxeur quand Arturo est parti en voyage en juin dernier. La mère du boxeur tient à garder le chien parce que, pour elle, il s'agit d'un souvenir de son fils, a fait valoir l'avocate de la famille Gatti, Grace Di Pace.

Par ailleurs, hier, Me Pierre-Hugues Fortin, qui représente Mme Rodrigues, a demandé au juge de rejeter la requête de la famille Gatti visant à faire annuler le dernier testament. C'est celui qui est valide, soutient-il, car le premier n'existe pas «juridiquement».

Le testament produit en preuve par la famille Gatti n'est pas un original, et il n'est pas signé de la main du boxeur. «On réclame la nullité d'un testament sur la base d'un autre qui n'existe même pas», a-t-il dit. De fait, la famille cherche l'original. Au terme d'une journée d'audience, le juge Chaput a mis l'affaire en délibéré et rendra sa décision jeudi matin.

Rappelons qu'Arturo Gatti a été trouvé mort dans l'appartement d'un complexe hôtelier du Brésil, le 11 juillet. Au début, la police a cru qu'il avait été étranglé avec la courroie du sac à main de Mme Rodrigues. Soupçonnée de meurtre, elle a été arrêtée. La police a fini par conclure que Gatti s'était pendu. Mme Rodrigues a été relâchée le 30 juillet, et elle est demeurée au Brésil. Selon Me Fortin, elle n'avait pas de revenus et a vécu depuis grâce à la générosité de sa famille.

Vendredi dernier, Mme Rodrigues a obtenu d'un tribunal du New Jersey le versement rétroactif d'une pension de 2500$ par mois pour son enfant. Cette pension sera prélevée sur les actifs de feu Arturo Gatti au New Jersey. Une pension pour elle-même lui a toutefois été refusée. Elle ne compte demeurer au Québec que quelques jours, a fait valoir son avocat, car son fils de 1 an est resté au Brésil. Elle reviendra au pays quand ce sera nécessaire, pour les besoins de la cause.

Selon les plaidoiries faites devant le tribunal hier, la fortune d'Arturo Gatti est constituée principalement d'actions de 2,4 millions détenues au New Jersey, d'un terrain en Floride, d'une copropriété de 500 000$ rue De Castelneau, de voitures, de bijoux et d'actions de la compagnie Gatti-Rizzo.