Toutes les grandes villes devront resserrer les règles d'adjudication des contrats, mais la Ville de Montréal devra s'astreindre à des mesures «additionnelles» pour s'assurer de l'intégrité du processus, a indiqué hier le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard.

«Je m'attends à ce que Montréal fasse des gestes additionnels, a-t-il dit après avoir indiqué qu'il convoquera pour la semaine prochaine les représentants des neuf grandes villes ainsi que les deux unions municipales. Il a refusé hier de préciser les mesures supplémentaires et «audacieuses» qu'envisage Québec.

Pour le premier ministre Charest, pas question de mettre Montréal sous tutelle, mais «il y a toute la question de l'attribution des contrats que le gouvernement du Québec va vouloir examiner avec ses partenaires du monde municipal.»

M. Lessard s'est dit ouvert aux suggestions, mais il a noté que c'est son gouvernement qui aura le dernier mot.

«J'aurai certainement un contenu obligatoire pour l'ensemble des villes, avec des mesures assez serrées, a-t-il indiqué. Au sortir de la semaine prochaine, on comprendra que l'environnement d'affaires des villes a changé», a promis M. Lessard.

Il s'est entretenu avec le maire Gérald Tremblay dès son élection, dimanche soir, et le premier ministre Charest compte le rencontrer prochainement. «Dans les prochains jours, pour que nous puissions faire le point sur la situation particulière de Montréal», a précisé M. Charest, qui venait de participer à une petite cérémonie soulignant le 75e anniversaire de l'Institut et hôpital neurologique de Montréal, rattaché à l'Université McGill et à son Centre de santé.

«Le gouvernement fera des gestes, il y aura des changements autant législatifs qu'administratifs», a soutenu de son côté le ministre Lessard après avoir souligné qu'il avait déjà discuté avec le premier ministre Charest à ce sujet.

Surtout, «l'adjudication des contrats devra être revue. Il faut une révision et s'assurer que le Ministère a plus de dents dans ses analyses», a expliqué le ministre.

Il a cité l'exemple du contrat des compteurs d'eau de Montréal, suspendu après un rapport inquiétant du vérificateur de la ville. Il est par exemple inacceptable, selon le ministre Lessard, que soit divulguée l'identité de tous les entrepreneurs qui s'intéressent à un appel de soumissions, car cela ouvre la porte à la collusion. «Dans toutes les municipalités du Québec, ce n'est pas normal qu'on sache d'avance qui est intéressé à soumissionner. Un appel d'offres, c'est pour tester un prix sur le marché.»

«Le monde municipal sort terni de tout ce qui a été rapporté. Il y aura des changements», a soutenu M. Lessard. «Oui à l'autonomie municipale, mais nécessairement, le ministre des Affaires municipales a une coresponsabilité», a-t-il souligné.

Les 8500 élus devront recevoir une formation sur l'éthique, et les municipalités devront se doter d'un code d'éthique, des décisions qui avaient été annoncées par Nathalie Normandeau avant son départ des Affaires municipales, en juin dernier. M. Lessard veut aussi plus de transparence: il n'est pas normal qu'il faille éplucher des procès verbaux de réunions du conseil pour savoir quels contrats ont été accordés et à qui.

Les dispositions de la Loi des cités et villes sur l'attribution des contrats est probablement la loi qui a été le plus souvent modifiée au Québec, selon le ministre.

Dans l'ensemble, M. Lessard s'est dit satisfait du déroulement des scrutins qui ont eu lieu dimanche dans pas moins de 839 municipalités. Le taux de participation moyen, qui tourne autour de 45%, est comparable à celui du précédent scrutin, en 2005. Près de 10% des élus sont âgés de moins de 35 ans, et 16% sont des femmes - elles comptaient pour 13% des élus il y a quatre ans.

Dans une dizaine de petites municipalités, aucun candidat ne s'est proposé pour briguer la mairie. Des élections devront être reprises pour combler ces postes.