Le fabricant de trains d'atterrissage et de structures pour l'industrie aéronautique Héroux-Devtek n'a pas seulement l'intention de profiter du ralentissement économique pour prendre des parts de marché.

Il a aussi une vision pour les 15 à 20 prochaines années.

«Nous avons prouvé qu'on est une alternative très intéressante pour les avionneurs qui font des appareils de 100 places ou moins, dit son président Gilles Labbé, en entrevue au siège social de Longueuil. On peut aspirer à être numéro un ou numéro deux mondial dans ce marché.»

Dans ce créneau, on retrouve les Bombardier, Embraer, Dassault, Bell Helicopter et compagnie. C'est la niche des avions d'affaires, des hélicos, des avions de chasse et des avions de transport régionaux.

«On va développer des appareils plus petits, dit-il. Nos usines sont déjà organisées en fonction de ça. Toute l'équipe d'ingénieurs est structurée en fonction de ça. On veut devenir les meilleurs dans ce créneau, avec les coûts les plus bas et un bon service à la clientèle.»

Pour atteindre la première place, M. Labbé veut prendre le temps qu'il faut.

«Ce n'est peut-être pas moi qui va mener ce projet à terme, précise le dirigeant de 53 ans, mais j'aurai donné l'impulsion de départ.»

Grandir dans les structures

Héroux-Devtek est déjà le troisième fabricant mondial de trains d'atterrissage.

«On veut aussi faire grandir nos activités de structures d'avions», dit le président.

Ce secteur, inexistant pour l'entreprise il y a 10 ans, génère plus de 100 millions de dollars aujourd'hui.

«On est reconnus pour fabriquer les pièces les plus compliquées sur la planète, dit-il. Maintenant qu'on a une masse critique de ce côté, on va continuer à grandir naturellement parce qu'on a gagné le contrat de l'avion militaire F-35 et celui du Bell Helicopter 429.»

À cela, Héroux-Devtek ajoutera éventuellement d'autres usines à son groupe.

«On le fera par des acquisitions et des constructions, ajoute le président. Cela permettra d'attacher des capacités de production supplémentaires à notre ensemble performant d'usinage. En combinant le design, la conception et l'assemblage, nous seront capables d'aller voir nos clients dans les appareils de 100 places et moins et leur dire qu'en plus de leur faire des trains d'atterrissage, on va leur fournir les ailes.»

Investissements massifs

Pour améliorer sa productivité, l'entreprise a investi près de 100 millions dans ses usines, en équipements et en agrandissements, au cours des trois dernières années.

«Cette année nos investissements seront d'environ 20 millions, précise le dirigeant. C'est en baisse par rapport à l'an dernier car on en a déjà fait beaucoup.»

Ces sommes ont été consacrées à l'automatisation, à la formation, à l'amélioration des procédures, à l'augmentation de la qualité et à l'élimination des pertes.

«Du coup, nos usines sont performantes et compétitives à l'échelle mondiale, explique M. Labbé. Nous sommes en mesure de lutter contre la hausse du dollar canadien.»

La stratégie d'Héroux-Devtek de miser sur les appareils de 100 places et moins semble porter fruit.

«On a gagné trois programmes depuis 18 mois (Sikorsky, Bombardier, Embraer)», constate le président.

Cela dit, l'entreprise de Longueuil continuera à oeuvrer avec ses clients spécialisés dans les appareils de 100 places et plus, comme Boeing et Airbus.

Dans ce cas, Héroux-Devtek fait des pièces en sous-traitance pour les fabricants Messier-Dowty et Goodrich.

«Dans les 100 places et plus on agit en sous-traitant. En dessous de ça on agit comme des maîtres d'oeuvre, des spécialistes», résume Gilles Labbé.

L'ENTREPRISE

Héroux-Devtek se spécialise dans la conception, la mise au point, la fabrication, la réparation et l'entretien de systèmes et de composants pour les secteurs commercial et militaire. Elle se concentre, notamment, dans les systèmes de trains d'atterrissage et des composants structuraux d'aéronefs. Elle a des revenus de plus de 330 millions. Quelque 65% de ses ventes sont réalisées à l'étranger, principalement aux États-Unis. Elle emploie 1500 personnes dans 11 usines en Amérique du Nord, dont celles de Longueuil, Dorval, Laval et Rivière-des-Prairies. Inscrite à la Bourse de Toronto, son symbole est HRX.

DÉFIS

Devenir le numéro un ou le numéro deux mondial pour le secteur des appareils de 100 places ou moins.

STRATÉGIES

Investissements dans les usines nord-américaines, programmes de formation, acquisitions ciblées et établissement d'une usine dans un pays à bas coûts.