Était-ce vraiment jour de vote, hier? Richard Bergeron, le chef de Projet Montréal, était-il vraiment sur les rangs pour devenir maire, comme l'indiquait le dernier sondage Angus-Reid?

En tout cas, rien n'y paraissait tant il semblait détendu.

«J'ai le sentiment du devoir accompli. J'ai donné le meilleur de moi-même.»

Pas stressé du tout? Tout au plus, en toute fin de journée, a-t-il demandé à ses plus proches collaborateurs de baisser la sonnerie de leurs cellulaires parce qu'il n'en pouvait plus d'entendre sonner «ces machines-là».

Après être allé voter en famille dès 10h, M. Bergeron a passé la journée à parcourir la ville, de Saint-Laurent à Montréal-Nord en passant par le Sud-Ouest et Rosemont. À pied et en transports en commun? Quand même pas. Cette fois, il était en voiture, avec son attachée politique, Militza Jean, au volant.

«Certains aspects de la politique me plaisent moins, mais faire du terrain, ça, ça me plaît», a-t-il dit.

Dans l'arrondissement de Saint-Laurent, M. Bergeron a été reçu froidement et il s'est indigné qu'on ne lui permette pas d'office d'aller serrer la pince aux employés d'élections, comme la loi le lui permet. La responsable du bureau disait ne pas savoir qui était Richard Bergeron.

Au marché Atwater, où il est allé prendre un petit bain de foule, c'était autrement plus sympathique. Et ça l'était davantage encore dans sa propre famille politique, dans le local de Projet Montréal à Montréal-Nord, où il a reçu une bonne tape dans le dos.

Avant de consentir à une énième photo maison avec les bénévoles de l'endroit, M. Bergeron est reparti au son du «na-na-na, hey, hey, hey, good bye» de la victoire (espérée) qu'avaient entonné ses partisans.

Toute la journée, M. Bergeron a souhaité que le taux de participation soit élevé parce que, disait-il, «sous les 40%, nous ne pouvons pas gagner».

Pour contrer la base partisane de Gérald Tremblay, M. Bergeron a cherché à convaincre ceux qui boudent habituellement les urnes - les jeunes et les désabusés de la politique - d'aller voter. Pour lui, idéalement.

Vers les 18h15, M. Bergeron est rentré chez lui, il a mangé de la pizza et il a accueilli un dernier journaliste avant de suivre la soirée électorale en famille. Si son discours était par moments au conditionnel, il avait du mal à ne pas déjà se projeter dans la peau du prochain maire de Montréal.

Pour celui que d'aucuns qualifiaient d'illustre inconnu il y a quelques semaines à peine, la victoire paraissait tout à fait possible, à quelques heures des premiers résultats.