Appelez-ça l'anti À vos marques... party! l'anti 17 Again ou l'anti La Boom. Avec Les beaux gosses, voici enfin un film qui montre les adolescents dans leur habitat naturel (la cantine, le bus, la chambre), avec leur physique naturel (peau grasse et appareils dentaires inclus), et surtout, avec leurs préoccupations naturelles (qui sort avec qui?).

Le bédéiste français Riad Sattouf - à qui l'on doit des oeuvres aux titres évocateurs, tels que Manuel du puceau, amène au cinéma son talent pour cerner, sans caricaturer, des personnages très ordinaires et un peu loosers. La justesse de son trait a d'ailleurs valu à ces Beaux gosses un accueil chaleureux à Cannes.

De quoi s'agit-il? De pas grand-chose. Hervé (Vincent Lacoste) et Camel (Anthony Sonigo) sont en troisième (cinquième secondaire) et cherchent tout simplement une fille à emballer, c'est-a-dire une fille à embrasser, peloter et plus si affinités.

Or, on le sait, le passage à l'acte à l'âge ingrat n'a rien de naturel ni d'évident et la drôlerie du film tient justement à montrer ces personnages dans des situations banales, mais extraordinaires, car inédites.

Sans trop savoir pourquoi, Hervé séduit malgré lui une jolie fille de sa classe, Aurore (Alice Trémolières). Camel, amateur de métal et coiffé d'une superbe coupe Longueuil, n'a pas cette chance. En attendant mieux, les deux copains vaquent à leurs occupations qui comprennent, entre autres, du reluquage de filles dans les catalogues de vente par correspondance et beaucoup de branlettes.

Chez Riad Sattouf, l'adolescence retrouve sa splendeur. OUI! Les adolescents ont souvent la peau grasse, les dents brochées, le rire niais et la répartie stupide («t'as vu ta tronche, t'es un boudin»). OUI! Les adolescents s'engueulent avec leurs parents mais NON! Ce n'est pas toujours un gros drame. Et OUI! Les conversations sont souvent d'une débilité effrayante.

À la bizarrerie des adolescents, Riad Sattouf met aussi en parallèle celle des adultes: mère célibataire dépressive et envahissante, prof de physique dépressif et suicidaire, père séducteur malgré lui, relations amoureuses entre prof et surveillant.

On n'est jamais dans le regard condescendant sur les adolescents, mais plutôt dans un attachement touchant pour ces jeunes que l'on a tous, quelque part, été.

Les beaux gosses

Comédie de Riad Sattouf avec Vincent Lacoste, Anthony Sonigo, Alice Trémolières, Julie Scheibling.

Grandeur et décadence de l'adolescence ordinaire.

Un film jouissif, drôle, qui capte à la perfection les errances auxquelles l'âge ingrat peut confiner. Une réussite d'autant plus charmante qu'elle est sans prétention.

*** 1/2