Le projet d'Hydro-Québec d'acquérir Énergie Nouveau-Brunswick (ENB) afin de diversifier ses débouchés d'exportation vers les Maritimes fait sourciller chez les voisins américains.

Car ils appréhendent que le géant électrique québécois y gagne un atout au cours des négociations de prochains contrats d'énergie, en pouvant faire monter les enchères parmi un nombre accru de clients potentiels hors-Québec.

Aussi, selon Angie O'Connor, présidente du New England Power Generators Association, Hydro-Québec pourrait même se retrouver en position de «dominer» les distributeurs d'électricité dans les États voisins, afin de maximiser ses profits d'exportation.

Angie O'Connor dit quelle serait «très inquiète» si l'expansion d'Hydro-Québec avec ENB aboutissait à un contrôle presque complet de la société d'État sur les interconnexions d'électricité entre la Nouvelle-Angleterre et le Canada.

Par ailleurs, chez les analystes qui surveillent les sociétés d'électricité cotées en Bourse, on s'interroge sur la capacité d'exportation d'Hydro-Québec au sud de la frontière dans quelques années, lorsqu'elle aura ajouté des centaines de milliers de clients dans les Maritimes.

Car si cette capacité s'avérait trop limitée, les clients américains d'Hydro-Québec pourraient avoir à débourser davantage pour obtenir une plus grande part de l'électricité produite au Québec.

Les analystes joints par La Presse Affaires soulignent qu'Hydro-Québec est déjà en voie d'accroître substantiellement sa capacité de transmission d'énergie vers l'Ontario et les États du Midwest américain.

Il s'agit du projet de 400 millions pour doubler la capacité d'interconnexion avec une nouvelle ligne au-dessus de la rivière des Outaouais, qui sépare le Québec et l'est de l'Ontario.

Aussi, Hydro-Québec et deux partenaires américains préparent la construction d'un nouveau lien transfrontalier qui doublera la capacité de transmission d'électricité vers les États du nord-est américain.

Ce projet évalué à environ 800 millions US a reçu en mai dernier le feu vert de la principale autorité américaine en projets d'énergie, la FERC (Federal Energy Regulatory Commission).

Cette autorisation a ouvert la voie aux négociations de contrats d'énergie à long terme entre Hydro-Québec et plusieurs États du nord-est, allant du Maine jusqu'au Connecticut.

«Est-ce qu'Hydro-Québec aura assez d'électricité en surplus dans quelques années pour exporter vers tous ces nouveaux marchés? Et si oui, à quels prix pour les acheteurs potentiels, qui sont déjà en demande croissante?», a commenté un analyste en énergie d'une importante firme de Wall Street. Il doit taire son identité par ordre de son employeur envers les contacts avec les médias.

D'ailleurs, cet analyste compte parmi les entreprises qu'il surveille la société Northeast Utilities, qui est associée à Hydro-Québec pour le projet de lien transfrontalier additionnel.

À son avis, les ambitions confirmées d'Hydro-Québec vers les provinces maritimes risquent d'influencer les négociations contractuelles d'énergie avec les États du nord-est.

«Hydro-Québec pourrait se servir de ce débouché additionnel pour exiger davantage de ses autres clients potentiels aux États-Unis, a suggéré l'analyste.

«Et un tel scénario pourrait survenir alors que les distributeurs d'électricité du Nord-est cherchent de plus en plus à sécuriser de nouveaux approvisionnements à coûts concurrentiels à long terme, et de sources moins polluantes.»

Les détails de la transaction

4,75 milliards CAN

Montant de la transaction, soit l'équivalent de la dette d'Énergie NB

Maintien de tous les emplois chez Énergie NB

31 mars 2010

Clôture prévue de la transaction

Achat de la quasi-totalité du réseau de transport et de distribution

Achat de la quasi-totalité des centrales électriques, sauf:

La centrale au charbon de Belledune et la centrale au mazout de Coleson Cove

Les centrales au mazout de Dalhousie et de Courtenay Bay seront fermées progressivement

La centrale nucléaire de Point Lepreau ne sera acquise que lorsque sa réfection, victime d'importants retards, sera complétée, possiblement en janvier 2011