Au rythme où l'enquête publique du coroner sur la mort de Fredy Villanueva se déroule depuis sa reprise, elle pourrait être beaucoup plus longue que prévu.

Conscient des coûts d'une telle enquête, le coroner André Perreault a donné un avertissement aux avocats de mieux «cibler» leurs questions aux témoins, hier, à la quatrième journée d'audiences au palais de justice de Montréal.

Le coroner Perreault s'est dit préoccupé par le rapport «qualité-prix» de l'enquête, soit la qualité de la preuve établie devant lui par rapport au temps que cela prend - et l'argent que cela coûte aux contribuables - pour établir cette preuve.

Le coroner a fait cette mise en garde visant «tous les avocats» après que Me René Saint-Léger, avocat du jeune blessé par balles Denis Méas, eut posé des questions techniques durant une heure et demie, hier, à un technicien en identité judiciaire de la Sûreté du Québec. «Si un témoignage technique comme celui-là prend une demi-journée, je plains déjà les témoins qui vont suivre», a souligné le coroner.

C'est que le technicien Robert Fortin a joué un rôle mineur dans l'enquête criminelle de la SQ sur les deux policiers du SPVM. Il était chargé de prendre des photos des blessures des agents Jean-Loup Lapointe et Stéphanie Pilotte ainsi que de la scène de l'incident.

Me Saint-Léger cherchait à savoir pourquoi le technicien en identité judiciaire n'avait pas transmis l'information à ses supérieurs que les deux agents n'avaient pas de blessure apparente au cou, alors que la thèse de l'enquête voulait que des jeunes les avaient «étranglés». «Ça ne relevait pas de mes fonctions», a résumé le policier.

Témoignage de l'agente Pilotte aujourd'hui?

L'agente Stéphanie Pilotte pourrait témoigner dès cet après-midi. Le coroner Perreault a ordonné que les deux policiers impliqués dans la mort de Fredy Villanueva témoignent avant les jeunes témoins du drame. L'agente Pilotte avait l'air d'avoir pleuré, «les yeux gonflés», à son retour au poste de quartier 39 après l'intervention policière qui a mal tourné, a décrit hier l'enquêteur en scène d'incident de la SQ, Sylvain Landry.

À 1h10, dans la nuit du 10 août, l'enquêteur Landry et son collègue, le technicien Robert Fortin, sont allés au PDQ 39 pour prendre des photos ainsi que saisir les armes à feu et les uniformes des deux policiers. Lorsqu'ils sont arrivés au poste, l'agent Jean-Loup Lapointe se trouvait dans un bureau avec un représentant syndical, a témoigné M. Landry. L'enquêteur n'a rien remarqué «de particulier» dans l'attitude de l'agent Lapointe.

Au moins 34 journées d'audience

Le contre-interrogatoire de l'agent Landry se poursuit aujourd'hui. S'il reste du temps, Stéphanie Pilotte commencera son témoignage qui se prolongera selon toute vraisemblance dans la prochaine semaine d'audiences prévue au début du mois de décembre.

L'enquête publique est déjà en retard sur son horaire. Le témoignage de l'enquêteur principal de la Sûreté du Québec responsable de l'enquête criminelle, Bruno Duchesne, devait durer une journée et demie. Or, il s'est fait cuisiner pendant trois jours par une dizaine d'avocats. Pour l'instant, le Bureau du coroner a prévu 34 journées d'audience échelonnées jusqu'en mai prochain.