Alors qu'il suscitait la méfiance il y a quelques jours à peine, le vaccin contre la grippe A (H1N1) entraîne maintenant une course contre la montre. À tel point que la santé publique lance un appel au calme.

«On offrira la vaccination à tout le monde, je pense qu'il faut se calmer», déclare le directeur national de la santé publique, le Dr Alain Poirier.

La mort d'un adolescent en apparente bonne santé en Ontario, plus tôt cette semaine, a provoqué une vive inquiétude, notamment parmi les parents. Les files d'attente s'allongent devant les centres de vaccination de masse. Plusieurs se présentent alors qu'ils ne font pas partie des catégories qui doivent être vaccinées en priorité.

Il y a quelques jours à peine, des sondages montraient pourtant que les Québécois étaient réticents à se faire vacciner. Pour espérer atteindre un plus haut taux de vaccination dans la population, la santé publique avait alors indiqué que, tout en faisant appel au bon sens de la population pour respecter les dates de vaccination, personne ne serait refusé.

Face à l'affluence des derniers jours, le message a changé. La santé publique demande maintenant aux agences régionales de resserrer les consignes.

«Nous allons insister un peu plus sur le fait que les gens doivent respecter les consignes d'appel. Nous pensions que ça se ferait un peu plus dans l'ordre», reconnaît le Dr Poirier.

Parmi les gens qui réclament le vaccin, il y a beaucoup de parents inquiets. «Si une mère vient faire vacciner son enfant de 3 ans, on va tenter de la vacciner du même coup, plutôt que de lui demander de revenir lorsque ce sera son tour», explique le Dr Poirier.

Le problème, souligne-t-il, ce sont les autres, notamment les personnes âgées. «Elles n'ont aucune raison, elles débarquent même en autobus d'une région voisine pour se faire vacciner. (...) On a beaucoup de gens qui ne regardent pas trop comment ça fonctionne. Là, on en a trop.»

Les personnes âgées ont été les moins touchées par la première vague de grippe A (H1N1) au printemps. Il semble qu'elles aient été exposées à des souches du virus au cours de leur vie et qu'elles aient développé une immunité.

Actuellement, le virus H1N1 semble affecter les plus jeunes en plus grand nombre. Par conséquent, ils sont plus nombreux à développer des complications graves. C'est ce qui explique que les personnes âgées figurent dans les catégories de personnes qui seront vaccinées plus tard, explique le Dr Poirier.

Pas de vaccin dans les cabinets privés

Face à l'affluence dans les centres de vaccination, plusieurs réclament par ailleurs que le vaccin soit accessible dans les cabinets de médecin et les écoles. Pour le moment, ce ne sera pas le cas.

Certaines régions peuvent choisir de faire une vaccination dans les écoles, mais ce n'est pas possible à grande échelle. Il faut le consentement des parents, d'abord, mais il y a aussi une question de logistique, explique le Dr Poirier.

Dans des régions comme Montréal, Laval ou la Montérégie, où l'on compte des centaines d'écoles, il est impossible de vacciner un nombre suffisant de personnes en peu de temps.

En outre, toutes les doses ne sont pas disponibles actuellement. C'est aussi la raison pour laquelle les cabinets de médecins n'offrent pas le vaccin, contrairement à ce qui se produit avec la vaccination contre la grippe saisonnière, où l'on peut généralement recevoir le vaccin chez son médecin ou sur son lieu de travail.

«Avec le vaccin saisonnier, nous avons beaucoup moins de doses et beaucoup plus de temps pour procéder à la vaccination», explique le Dr Poirier.

Pour le moment, même si la deuxième vague de grippe A (H1N1) est bel et bien commencée, la situation est toujours maîtrisée, rappelle la santé publique.

Les urgences sont plus achalandées ces jours-ci, mais les cas ne sont pas plus graves, constate d'ailleurs le Dr Bruno Bernardin, spécialiste de médecine d'urgence à l'Hôpital général de Montréal.

«J'ai vu plus de cas de grippe en trois jours qu'en une saison normale. Ce ne sont pas des gens très malades, ils sont surtout inquiets», relate-t-il.

L'inquiétude vient notamment des décès récents chez des jeunes. Mais la grippe saisonnière entraîne aussi, chaque année, quelques rares décès subits chez des jeunes, souligne le Dr Bernardin.

La différence avec la grippe A (H1N1), outre le fait qu'elle semble toucher davantage les jeunes, est qu'elle semble aussi plus contagieuse.

Si plus de personnes sont touchées, il est normal qu'un plus grand nombre d'entre elles développent des complications graves, ce qui risque d'entraîner plus d'hospitalisations, notamment aux soins intensifs. D'où l'importance de la vaccination pour prévenir cette situation, rappelle-t-il.