Le maire Gérald Tremblay cache bien son jeu. Il envisage d'assommer les Montréalais avec une hausse de taxes de 6% en 2010, 4% en 2011, 3% en 2012 et 3% en 2013. Total: 16% en 4 ans. Mais il se garde bien d'en souffler mot. Pas très populaire comme décision, surtout en pleine campagne électorale.

Le maire préfère se taire. Il a déjà tiré à boulets rouges sur son adversaire Louise Harel qui veut geler les taxes en 2010. Impossible, a-t-il précisé, «de ne pas faire un ajustement au moins au niveau de l'inflation».

Notez le vocabulaire: «au moins au niveau de l'inflation». Prudence, prudence. En septembre, l'inflation était de 1,5%. Faites le calcul: 1,5 x 4 = 6. Quatre fois plus que l'inflation. Méchante différence.

Si Gérald Tremblay veut hausser les taxes de 16% d'ici 2013, qu'il le dise franchement et ouvertement.

Le maire se comporte comme un vendeur de tapis qui ment sur le prix de sa marchandise. Pas cher, pas cher, insinue-t-il. Cette stratégie porte un nom: publicité trompeuse.

Sur les 17 pages de son programme électoral disponible sur le site web de son parti (unionmontreal.com), les mots taxes et fardeau fiscal n'apparaissent nulle part. Pourquoi? Le maire a-t-il peur de nuire à sa réélection? Les Montréalais ont le droit de savoir que leur compte de taxes va exploser si Gérald Tremblay est reporté au pouvoir. Le cacher frise la malhonnêteté.

En 2005, le maire avait promis de ne pas augmenter le fardeau fiscal des contribuables. Fardeau fiscal. Notez encore une fois le vocabulaire. Fiscal = taxes. Pour contourner sa promesse, Gérald Tremblay est passé par la porte d'en arrière en haussant les tarifs, comme les parcomètres et les transports en commun, sans oublier les contraventions qui se sont multipliées plus vite que leur ombre.

Attention, précisait l'entourage du maire en se frottant les mains à chaque nouvelle hausse, un tarif n'est pas une taxe! De la contorsion sémantique.

De plus, 8 des 19 arrondissements ont imposé une taxe locale. Six sont contrôlés par le parti du maire. La promesse de ne pas augmenter le fardeau fiscal ne s'appliquait pas localement? Les conseillers n'étaient pas liés par la promesse de leur patron?

Et je ne vous ai pas encore parlé du fonds de la voirie, une taxe, oui, oui, une taxe créée en 2006 pour réparer les rues et autres nids-de-poule. Une urgence, a plaidé Gérald Tremblay. C'est vrai. Sauf qu'il devrait cesser de claironner qu'il a respecté sa promesse.

Le maire a aussi l'intention de s'attaquer aux transports en commun. En 2010, la STM augmenterait ses tarifs de 3,5% en plus de ralentir le développement de ses services et reporter ses dépenses d'investissement.

Pourtant, Dieu sait que les usagers en ont connu des hausses sous l'administration Tremblay. De 2002 à 2008, la carte mensuelle CAM est passée de 50$ à 66,25$, soit une augmentation de 33%, le double de l'inflation.

Le programme électoral du maire promet «une ville résolument tournée vers le transport en commun». Ce n'est pas avec une hausse des tarifs qu'il va y parvenir. Le maire devrait plutôt parler de ville tournée vers l'auto.

Ce n'est pas tout. Gérald Tremblay envisage aussi d'augmenter la taxe non résidentielle de 6,7%. Je vois déjà les commerçants grimper dans les rideaux. La quote-part des villes défusionnées, elle, grimperait de 14%.

Et le maire ne dit pas un mot de ce festival de taxes qui tire sur tout ce qui bouge. En pleine campagne électorale, alors qu'il sollicite un troisième mandat. Les mots me manquent. J'essaie de rester polie.

La promesse de geler le fardeau fiscal des contribuables en 2005 était irréaliste. Le maire le savait, il était au pouvoir depuis quatre ans. Il a tout de même fait cette promesse, car il savait qu'elle lui rapporterait des votes. Il a ensuite utilisé des subterfuges pour la contourner.

Si vous réélisez le maire, un conseil: accrochez-vous à votre portefeuille, ça va faire mal.

Pour joindre notre chroniqueuse: michele.ouimet@lapresse.ca