Les détenus des prisons fédérales devront prendre leur envie de fumer en patience. Le jugement de la Cour fédérale qui, vendredi dernier, leur redonnait le droit de fumer à l'extérieur des bâtiments carcéraux, sera porté en appel.

«Oui, le jugement sera porté en appel», a confirmé Caroline McNicoll, porte-parole du Service correctionnel du Canada. Elle ne connaît pas les motifs d'appel, mais elle a indiqué que la directive interdisant la cigarette, à l'intérieur comme à l'extérieur des pénitenciers, avait été prise afin de protéger la santé des détenus et du personnel. Dans sa décision, le juge Luc Martineau a justement signalé que cet argument ne tient pas la route, puisque le fait de fumer à l'extérieur ne nuit qu'à la santé du fumeur lui-même.

Exaspérés par cette mesure qu'ils trouvent injuste, des détenus de diverses prisons se sont regroupés et cotisés afin de combattre la fameuse directive, qui porte le numéro 259. En janvier 2006, les détenus ont perdu le droit de fumer à l'intérieur des prisons. En mai 2008, ils ont aussi perdu le droit de fumer dehors. Comme conséquence logique de cette interdiction, il n'y a plus de vente de tabac en prison, du moins légalement.

La cause a été plaidée avec succès par Me Julius Grey. Le juge Martineau a rendu sa décision une semaine seulement après avoir entendu les arguments des deux parties. Il a conclu que la directive 259 est «injustifiable et déraisonnable». La possession de tabac n'est pas illégale, a-t-il rappelé. Les trois quarts des détenus dans les pénitenciers seraient fumeurs. Soulignons enfin qu'ils n'ont pas retrouvé le droit de fumer immédiatement avec le jugement Martineau, puisque l'effet du jugement était suspendu pour 90 jours, afin de laisser le temps au Service correctionnel de réécrire la directive.