Après Hippocampe, le directeur du Quatre'Sous, Éric Jean, récidive dans la région avec la présentation de S'embrasent, le 29octobre, à la salle Jean-Despréz. Une pièce du Français Luc Tartar, qui désarçonne à la fois le spectateur par le thème de la passion amoureuse et le metteur en scène par l'absence de didascalies.

Présenté à Gatineau par le Théâtre Bluff de Laval, S'embrasent est l'histoire d'un coup de foudre. Ce jour-là, dans la cour d'école, Jonathan a embrassé Latifa. Un baiser passionné qui bouleverse tous les témoins de la scène. Les filles, les garçons, les enseignants, le directeur et même une vieille dame à la fenêtre.

Cette passion brûlante les éblouit, mais vient surtout raviver en eux cette ardente envie d'être désiré, d'être choisi, d'être aimé. Chacun se retrouve alors avec cette question qui résonne en lui-même: «Oui, mais moi?»

Voilà une pièce écrite sans didascalie - les indications scéniques données par l'auteur. Non seulement, n'y en avait-il pas lorsqu'Éric Jean a reçu le texte, mais les répliques n'étaient pas non plus attribuées aux personnages. Pire encore, Jonathan et Latifa ne sont pas présents sur scène. Méchant défi pour le metteur en scène! «C'est moi qui ai décidé du nombre de personnages, raconte Jean. C'est le fun, mais c'est dangereux.»

La pièce, qui fut montée en première mondiale par la troupe professionnelle lavalloise à la fin septembre, a commencé à être travaillée en janvier. «On s'est attardé sur le vocabulaire, les objets, les gestes. Cependant, le fait que les amoureux ne soient pas sur scène permet de se les imaginer.»

Il a tout de même fallu que les cinq comédiens de la production fassent confiance au metteur en scène. L'une, Béatrice Picard, peu habituée à l'improvisation dirigée - à partir d'une situation donnée par le metteur en scène, les acteurs ont improvisé, tout en insérant au passage quelques phrases du texte -, a été parfois «déstabilisée», au dire d'Éric Jean. «Mais c'est une femme tellement ouverte» qu'elle s'est bien moulée au groupe. «C'est très stimulant de travailler avec cette comédienne de 80 ans.»

Une première pour Éric Jean

Originaire du Lac-Saint-Jean, ancien professeur de l'École nationale de théâtre à Montréal, Éric Jean en est à ses premières armes dans le théâtre pour ados.

«Mais c'est un théâtre qui s'adresse aussi aux adultes. C'est un spectacle énergique, très lumineux. C'est une pièce qui nous met en contexte avec les choses essentielles. C'est un bel éloge de l'amour, et une rencontre poétique entre les générations.» S'embrasent serait donc une pièce sur la force de la passion, mais aussi sur celle de l'attirance sexuelle à tout âge.

Rendant hommage au courage de la Ville de Gatineau qui «a acheté le spectacle avant qu'il soit monté», Éric Jean s'en voudrait de ne pas mentionner l'aspect important de la musique dans ce spectacle destiné aux 14 ans et plus. «Olivier Gaudet-Savard a repiqué des pièces déjà existantes afin d'aider à donner un rythme à la pièce.»

Si on se fie au travail réalisé par Éric Jean pour Hippocampe, S'embrasent devrait donner lieu à un beau moment théâtral.

POUR Y ALLER

QUOI? S'embrasent, de Luc Tartar. Mise en scèned'Éric Jean. Avec Francesca Barcenas, Christian Baril, Matthieu Girard, Talia Hallmona, Béatrice Picard

OÙ? À la salle Jean-Despréz

QUAND? Le 29octobre, 20h

RENSEIGNEMENTS? 819-243-8000, ou www.ovation.qc.ca