L'augmentation des cas de grippe A (H1N1) laisse présager que le pire pourrait survenir dès la mi-novembre, alors que la majorité de la population ne sera pas immunisée. Les foyers d'infection sont nombreux en Montérégie, en Mauricie et en Outaouais.

Une trentaine d'écoles de la Montérégie, une trentaine en Mauricie et 26 en Outaouais rapportaient hier un taux d'absentéisme de plus de 10% parmi les élèves et le personnel, notamment pour des symptômes d'allure grippale.

«Tous nos indicateurs du virus sont en augmentation», confirme le directeur national de la santé publique, le Dr Alain Poirier.

Pas question toutefois de changer l'ordre de vaccination, comme en Ontario, qui a pris cette décision après le décès d'un hockeyeur de 13 ans. Certaines personnes n'auront pas été vaccinées quand le pire de la grippe va frapper, reconnaît le Dr Poirier.

«À mesure que le vaccin arrive, on va leur offrir, dans l'ordre de ce qui nous apparaît le plus préoccupant. (...) Il va falloir que certains attendent», explique-t-il.

La plus récente capsule d'information diffusée par la santé publique indique qu'au pire de la deuxième vague, de 50 à 200 lits de soins critiques pourraient être requis pour soigner les enfants malades.

Chez les adultes, il faut prévoir de 250 à 1000 lits pendant la semaine la plus critique, probablement quelque part à la fin novembre. Des salles de réveil et des salles de chirurgie pourraient alors être réquisitionnées pour hospitaliser les malades.

Des ratés à Montréal

Pour l'heure, ce sont toutefois des ratés dans la distribution des doses de vaccins dans certains hôpitaux de Montréal qui suscitent l'inquiétude. En fin de journée hier, les deux plus gros centres hospitaliers universitaires, le CHUM et le CUSM, n'avaient pas encore reçu les doses pour vacciner les travailleurs de la santé.

Dans les couloirs des urgences du CHUM, les interrogations quant au début de la vaccination alimentent les conversations.

«Les gens en parlent beaucoup. Ils sont un peu fâchés et un peu inquiets. Ils se demandent pourquoi nous n'avons pas encore le vaccin alors que dans d'autres hôpitaux, la vaccination est commencée», raconte la chef des urgences du CHUM, la Dre Emmanuelle Jourdenais.

La direction du CHUM multipliait les efforts hier pour obtenir quelques doses. Dès qu'elles arriveront, les médecins et le personnel qui travaillent directement auprès des malades, notamment aux urgences, aux soins intensifs et en dialyse, seront vaccinés en priorité.

Hier, l'Agence de santé et de services sociaux de Montréal ne pouvait expliquer ces différences dans la distribution des vaccins. Une conférence de presse est prévue ce matin.

«C'est tout un déploiement. Il y a des hôpitaux qui ont reçu leurs doses, d'autres qui ne les ont pas reçues, ça va rentrer au fur et à mesure cette semaine», explique Monique Laganière, du service des communications.

Pourtant, plusieurs hôpitaux ont commencé la vaccination de leur personnel, notamment sur la Rive-Sud. À Montréal, l'hôpital Maisonneuve-Rosemont commencera à vacciner ses employés en fin de journée jeudi. À l'hôpital du Sacré-Coeur, un premier lot de vaccins est arrivé. La vaccination du personnel en contact avec les patients les plus malades, notamment aux urgences et aux soins intensifs, a donc commencé hier.

La direction de l'hôpital du Sacré-Coeur espère que les employés et les médecins se feront vacciner en grand nombre.

«Nous avons organisé des rencontres d'information avec tous les employés pour expliquer en quoi consiste le vaccin et pourquoi on pense important de se faire vacciner», souligne la porte-parole de l'hôpital, Josée-Michelle Simard.

Réaction des microbiologistes

L'hésitation de plusieurs à se faire vacciner a par ailleurs fait réagir l'Association des microbiologistes du Québec. Elle presse la population de se faire vacciner.

«Nous prenons rarement position, mais là, c'est une situation qu'on jugeait particulièrement choquante, de voir à quel point les gens, sans aucune information réelle, doutent du vaccin. (...) C'est de la démagogie qui se produit sur l'internet, avec les chaînes de courriels et les blogues», affirme le président de l'Association, Stéphane Bourget.