Ça s'est passé l'été dernier, au mois de juillet. L'économie du Québec a enregistré une croissance de 0,1% et, ce faisant, est sortie de la récession dans laquelle elle était tombée il y a sept mois, en novembre 2008.

La croissance du produit intérieur brut (PIB), soit le total de tous les biens et services produits au Québec, a été de 0,1% en juillet, alors qu'on attendait plus, soit 0,3%. Mais même faible, cette croissance s'ajoute à celle de 0,7% enregistrée en juin. Deux mois consécutifs en territoire positif, c'est suffisant pour dire que l'économie québécoise est sortie de la récession durant l'été, estime Hélène Bégin, économiste chez Desjardins.

«Ça prendrait une rechute considérable pour effacer les gains de juin et de juillet», explique-t-elle.

En juillet, la croissance est venue surtout du secteur des services, indique l'Institut de la statique du Québec. Le commerce de gros, l'information et la culture, de même que la finance, l'assurance et l'immobilier ont progressé.

En revanche, la production de biens a continué de péricliter. Sans surprise, ce sont les secteurs des mines, du pétrole et du gaz qui ont connu la plus forte décroissance, en raison de la dégringolade des prix sur le marché des matières premières. Les deux seuls secteurs de la production de biens qui ont progressé en juillet sont la fabrication et la construction.

Le PIB du Québec reste négatif depuis le début de l'année. De janvier à juillet, le recul du PIB s'établit à -1,5%. C'est quand même un peu mieux que ce qu'avaient prévu les économistes de Desjardins, qui estiment maintenant que l'économie du Québec va finir l'année en recul de 1,7%, plutôt que de 1,8%.

Économiste chez Valeurs mobilières Banque laurentienne, Sébastien Lavoie a prévu que le PIB du Québec reculera davantage en 2009, soit de 1,9%. «Je ne suis pas du genre à changer de prévisions comme on change de chemise, mais c'est possible que je révise à la hausse», a-t-il dit.

Plusieurs nuages l'empêchent pour le moment de le faire. Les pertes d'emplois, notamment, continuent de s'accumuler. Comparativement à l'Ontario, qui a souffert davantage de la récession et qui redémarrera plus rapidement, il faut s'attendre à un départ lent au Québec, prévoit l'économiste. «La récession a été modeste et la reprise va être modeste aussi», dit Sébastien Lavoie.

Le Québec et l'Ontario sont sortis de la récession cet été. Au Canada, il faudra attendre un trimestre de plus pour le retour de la croissance économique.

La récession qui s'annonçait comme une des pires à s'abattre sur les pays industrialisés aura été somme toute bénigne et, surtout, très brève au Québec. La dernière récession d'importance, dans les années 90, avait duré près de deux ans, rappelle Hélène Bégin. Cette fois, le marché immobilier et l'augmentation des dépenses publiques ont contribué à maintenir la confiance des consommateurs et à écourter la récession.

Même si la récession est finie, le Québec pourrait afficher d'autres mois de croissance négative d'ici la fin de l'année, prévoit l'économiste de Desjardins. «Il y a encore beaucoup d'incertitudes, notamment du côté du commerce extérieur», précise-t-elle.

Le niveau des exportations du Québec est tiré à la baisse par la faiblesse persistante du secteur aéronautique, un poids lourd qui compte à lui tout seul pour 20% des exportations totales. L'industrie de l'aluminium est encore au ralenti et il n'y pas encore d'espoir de redressement dans le secteur des pâtes et papiers.

Malgré ces incertitudes, Hélène Bégin estime que le Québec a atteint le creux de la récession en mai et que le pire est passé.

Sébastien Lavoie s'inquiète lui aussi du commerce extérieur. La hausse du dollar canadien, qui fait mal aux exportateurs, n'a pas encore eu d'impact sur l'économie parce qu'elle est trop récente, explique-t-il. «C'est à la fin de l'année et l'année prochaine que ses effets vont se faire sentir», prévient-il.