Les Bourses nord-américaines ont fini en nette baisse hier pour la deuxième séance consécutive, plombée par la chute des valeurs bancaires et un rebond du dollar américain, qui a pénalisé les grands groupes industriels.

À Wall Street, l'indice Dow Jones a lâché 104,22 points (-1,05%), à 9867,96 points, et le NASDAQ, à dominante technologique, 12,62 points (-0,6%), à 2141,85 points.

L'indice élargi Standard&Poor's 500 a cédé de son côté 1,17% (12,65 points), à 1066,95 points.

En nette hausse dans les premiers échanges, la place new-yorkaise est passée brusquement dans le rouge en fin de matinée.

«Le dollar a directement fait passer le marché à la baisse», a observé Craig Peckham, de la maison de courtage Jefferies. La devise américaine «s'est mise à monter, ce qui a coulé tous les secteurs sensibles à son évolution, surtout l'énergie et le secteur minier».

L'affaiblissement récent du billet vert avait fait monter les cours des matières premières, et les actions des sociétés qui en dépendent. Il avait aussi profité aux grandes multinationales industrielles exportatrices, qui bénéficient d'un dollar faible pour vendre leurs produits.

Le producteur d'aluminium Alcoa a abandonné 3,3%, le pétrolier Chevron 1,6%, l'avionneur Boeing 3,2% et le chimiste DuPont 2,4%.

«On a eu un fort rebond du marché, c'est le moment d'être prudent», estime Anthony Conroy, vendeur d'actions pour BNY ConvergEx Group. «On voit les résultats de sociétés dépasser les attentes, mais ces attentes sont faibles, et elles les dépassent en réduisant leurs coûts, pas en voyant leur activité croître.»

L'indice-vedette de Wall Street a rebondi d'environ 50% depuis son plus bas niveau de début mars dernier.

«Les gens deviennent nerveux face au secteur financier», a estimé en outre M. Peckham.

Bank of America (-5,1%, à 15,40$US) a accusé la plus forte chute au sein de l'indice Dow Jones. Selon le Wall Street Journal, le groupe tente de rembourser les 45 milliards US d'aide de l'État afin d'échapper à son influence sur sa gestion, mais se heurte à ses exigences en termes de niveaux de fonds propres.

Le secteur a aussi été plombé par les banques régionales Fifth Third (-7,8%, à 9,53$US) et SunTrust (-5,4%, à 19,85$US), qui ont subi un abaissement de recommandation d'un influent analyste de Rochdale Securities, Richard Bove.

L'indice S&P des valeurs bancaires a perdu 3%, JP Morgan Chase 3,1%, Citigroup 4,3%.

En début de séance, la tendance avait été soutenue par les résultats de l'opérateur téléphonique Verizon, dont le bénéfice et le chiffre d'affaires trimestriels ont dépassé les attentes. Mais le titre, en hausse en début de séance, a finalement lâché 0,7%, à 28,64$US.

«L'amélioration de la situation économique et des résultats d'entreprises va se poursuivre, a estimé John Stoltzfus, de Ticonderoga Securities. Mais à un rythme moindre et avec moins de bonnes surprises.»

Pour sa part, la Bourse de Toronto a clôturé en forte baisse, après que le dollar américain eut provoqué une chute des prix des produits de base.

L'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto a perdu 147,25 points, à 11 234,88 points, à la suite des pertes d'un peu plus de 1% subies tout au long de la semaine dernière.

Le dollar canadien a terminé la journée en baisse de 1,35 cent US, à 93,72 cents US. Le huard avait également chuté lors des deux précédentes séances, après que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, eut réitéré que la récente poussée à la hausse de la devise risquait de menacer la reprise économique.