Un pilulier intelligent qui émet un signal sonore avertissant son utilisateur que l'heure est venue de prendre son remède et qui, de plus, permet l'archivage d'une foule de données liées à la prise de médicaments pour le compte d'un pharmacien ou d'un médecin. Il fallait y penser.

Le Groupe Domedic, lui, y a pensé.

Au cours des prochaines semaines, l'entreprise en démarrage commencera la commercialisation du Do-Pill, un pilulier doté d'une intelligence.

Dans la ligne de mire du Groupe Domedic, il y a le marché des résidences pour personnes âgées, celui des cliniques spécialisées et des centres de recherche et celui de monsieur et de madame Tout-le-Monde pour qui la prise de médicaments exige une attention de tous les instants.

Sans fil et muni de piles rechargeables qui en assurent un fonctionnement 24 heures par jour, le pilulier intelligent est constitué d'un microcontrôleur et de circuits électroniques complémentés par des alarmes sonores et visuelles programmées par un pharmacien.

Les alarmes avertissent l'utilisateur lorsqu'il est temps de prendre le médicament. Un clignotant lumineux identifie la case du récipient à médicaments dans laquelle se trouve la pilule.

Dès que la membrane couvrant la case correspondante a été soulevée par l'utilisateur, le Do-Pill enregistre le jour et l'heure de la prise du médicament. L'information pourra ensuite être consultée par le professionnel de la santé afin de lui permettre de vérifier si le patient a pris ses médicaments, s'il a pris les bonnes doses et au bon moment.

Le Do-Pill pourra être acheté à l'unité (300$) ou dans le cadre d'un forfait mensuel de moins de 30$ comprenant divers services.

Aider sa belle-mère

Rencontrés par Le Soleil, trois des dirigeants du Groupe Domedic sont fébriles. Au terme de plusieurs années de recherche et d'un investissement totalisant tout près de 1 million de dollars, ils sont sur le point de présenter leur «bébé» au grand public.

«Notre mission est d'aider les gens à mieux gérer la prise de leurs médicaments», résume Camille Lapierre, l'un des fondateurs de l'entreprise avec Jocelyn Bertrand et Denis Faucher.

L'histoire du Do-Pill a débuté, il y a quelques années, alors que Jocelyn Bertrand, un spécialiste en électronique, s'est mis en tête de porter secours à sa belle-mère qui avait l'habitude d'oublier de prendre ses médicaments.

Avec ses partenaires, il s'associe à un sous-traitant en électronique de Québec, M2S, pour la fabrication de l'appareil. «L'idée, nous l'avions. Nous avions aussi notre fabricant. Il nous suffisait de trouver quelqu'un qui connaissait en profondeur l'industrie des technologies de la santé et qui allait permettre au Do-Pill de percer le marché.»

Voilà qu'arrive Benoît Demers, l'actuel pdg du Groupe Domedic. Il venait tout juste de vendre son entreprise spécialisée dans la fourniture de systèmes de gestion informatique et de soutien à quelque 400 pharmacies - Informatique DLD - à Emergis, qui est ensuite passé entre les mains de TELUS.

D'autres investisseurs viendront se greffer au Groupe Domedic au fil des mois.

Le cas de la belle-mère de Jocelyn Bertrand n'est pas unique. Le nombre de personnes qui éprouvent de la difficulté à suivre correctement leur traitement médicamenteux serait fort élevé.

Il appert même que la moitié des gens souffrant de maladies chroniques abandonnerait leur traitement après un an.

Récemment, la faculté de pharmacie de l'Université Laval et les compagnies pharmaceutiques AstraZeneca, Merck Frost, Pfizer et Sanofi-Aventis ont annoncé la création d'une chaire de recherche sur l'adhésion aux traitements.

«Pensons aux gens qui sont atteints de la maladie de Parkinson et qui doivent prendre de 20 à 30 pilules par jour. C'est pratiquement impossible pour eux de gérer la prise de pilules», fait remarquer Camille Lapierre, en précisant que le Groupe Domedic avait mis de l'avant des projets pilotes avec la Société Parkinson Québec et l'hôpital Louis-H.-Lafontaine permettant à des patients d'utiliser le Do-Pill.