Ils sont jeunes et ne manquent pas d'ambition. Philippe Roy, 24 ans, et Alexandre Vincent, 25 ans, se préparent à révolutionner le marché des distributrices de bonbons et de confiseries. Grâce à une puce électronique qu'ils intègrent à leurs machines, les fondateurs de la PME Ricochet charment tous ceux qu'ils rencontrent. En moins d'un an, ils sont passés de 80 à 800 machines. Leur objectif: exploiter des milliers de distributrices de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique.

Le tandem de jeunes entrepreneurs part de très loin. Pour bien des commerçants, les machines distributrices, qui fonctionnent avec de l'argent comptant, rendent difficiles la tenue de comptes et n'inspirent guère confiance. «La plupart des gens que nous allons voir ont la même réaction: des machines à gommes? J'en veux pas dans mon commerce», explique Philippe Roy, vice-président.

Avec leur innovation, les patrons de Ricochet ont mis un terme au règne de l'argent comptant. Ils ont intégré une puce électronique dans chacune de leur machine distributrice. Grâce à un lecteur, ils peuvent instantanément connaître la valeur des ventes, tout comme le propriétaire du commerce où les machines sont en concession. La PME serait la seule à utiliser cette technologie originaire d'Ontario. «Huit clients sur dix que nous rencontrons sont charmés par notre concept et nous donnent une chance», se félicite M. Roy.

À tel point que les deux jeunes hommes d'affaires, diplômés de HEC Montréal, ont été pris de court. «Nous venions de signer une entente avec Canadian Tire qui nous permettait de nous installer dans leurs 90 magasins du Québec. Nous avions besoin de 100 000$ pour acheter de nouvelles machines. Et vite à part ça! La première institution financière qu'on est allé voir n'a rien voulu savoir de nous. Nous avons trouvé du financement dans une institution où je connais quelqu'un qui a allumé», dit Philippe Roy.

Vers le million

Le chiffre d'affaires de la jeune PME atteindra 200 000$ cette année. L'an prochain, il devrait être de 500 000$ et en 2011, les deux entrepreneurs rêvent du million. «Mais c'est beaucoup d'investissements, vous ne pouvez pas vous imaginer. On ne se donne pas de gros salaires», fait remarquer M. Roy, qui vise rien de moins que 2000 distributrices d'ici la fin de 2010.

Il n'y a pas que l'innovation technologique qui distingue la stratégie des deux jeunes entrepreneurs: ils ont également mis au point une série d'îlots et des présentoirs qui donnent de l'éclat et de la classe à leurs distributrices, lesquelles fonctionnent à coups de 0,25$, 1$ et 2$. «Ça n'a rien à voir avec la vieille machine à arachides toute sale dans un vieux garage. Nos machines sont toujours pleines et toujours propres», dit Philippe Roy.

Les fondateurs de Ricochet veulent devenir les leaders dans leur domaine. Il est difficile, voire impossible, de savoir combien représente le marché québécois des distributrices. «Est-ce que c'est 10, 20, 30 ou 40 millions de dollars? C'est dur de le savoir; il y a tellement de joueurs dans le secteur. Il y a des gens qui ont 20 machines et d'autres qui en ont peut-être 1000. En tout cas, c'est un marché qui est ouvert», dit le vice-président de la PME.

Pour l'heure, la PME de trois employés dessert les magasins Canadian Tire du Québec, un nombre grandissant de Superclub Vidéotron, des pharmacies Jean Coutu, le pavillon principal de l'UQAM et celui de HEC Montréal. «Il y avait des machines avant que nous arrivions à HEC. Elles ne rapportaient que 350$ par mois. Depuis que nous sommes là, nous occupons le même espace et nous vendons pour 1350$ par mois», dit Philippe Roy.

Dans une ère où la malbouffe est sans cesse montrée du doigt, n'est-il pas risqué de miser sur les bonbons et les confiseries? «Certains de nos clients nous ont demandé de remplir nos machines avec des amandes non salées ou des raisins secs enrobés de yogourt, explique M. Roy. Ces machines-là ne se vidaient presque pas. Par contre, la machine d'à côté, remplie de framboises bleues (artificielles) vendait beaucoup.»

Ricochet vient de faire son entrée dans les centres commerciaux. La semaine dernière, elle a inauguré un îlot au Centre Laval. La PME affirme être en pourparlers avec d'importants propriétaires canadiens de centres commerciaux.

Outre ses îlots, l'entreprise souhaite un jour mettre en place des magasins sans commis où il y aurait des centaines de distributrices, une sorte de «Candyland», comme l'illustre Philippe Roy.