«Moi aussi je suis dans la construction, mais Toni, moi, je ne l'ai jamais rencontré!»

«Il ment, il ment, Toni, c'est son beau-frère!»

Vendredi soir, salle de quilles Belvédère, à Lachine. Une trentaine d'Italiens de Montréal se réunissent, comme chaque semaine, le temps de se tirer la pipe entre deux abats.

Ils rigolent, mais ils ne cachent pas qu'ils n'ont pas trouvé les dernières semaines très drôles. Les scandales dans la construction et les allégations de corruption dans le monde municipal n'ont pas donné très bonne presse aux Italiens.

«J'ai peur que ça nous donne une mauvaise image. Il suffit d'une petite poignée de personnes malhonnêtes pour que les gens se mettent à penser qu'on est tous des mafiosi», dit Adriano.

Toni - pas le gars du yacht, le gars de la ligue de quilles du vendredi soir - ne se fait aucune illusion. Des problèmes dans la construction, il y a en toujours eu, et il y en aura toujours. Joseph pense la même chose. «Il y a Pierre, qui aide Jacques, qui aide Jean, qui aide Pascuale... En tout cas, moi, au municipal, ça fait quelques fois que je ne vote pas. Il y a trop de cliques.»

«Mais Labonté, c'est pas trop italien, comme nom, ça, il me semble», relève Laurette.

«L'affaire, c'est que les Italiens sont souvent des gens très en vue. Ils sont majoritairement propriétaires, ils sont souvent professionnels et ils vont beaucoup dans la politique, reprend Joseph. C'est sûr que sur le lot, il y en a qui ne sont pas trop, trop catholiques, mais qu'est-ce qu'une petite poignée de personnes malhonnêtes dans une communauté comme la nôtre qui compte plus de 260 000 personnes au Québec?»

«Quand un scandale éclate, c'est le gars le plus en vue qui en mange toute une. C'est comme dans l'histoire des commandites. Oui, il y avait Gagliano, mais combien y avait-il de joueurs, en dessous de lui? demande Nino. Moi, j'espère juste que les coupables paient, peu importe leur nationalité.»

Surprise! On tombe finalement sur la candidate à la mairie d'arrondissement de Lachine, elle-même membre en règle de la ligue de quilles du vendredi soir. Elle nous remet ses cartons de candidate, y va d'une tirade partisane.

On va vite saluer Toni, qui est sur le point de s'élancer et qui préfère nettement plus causer parties parfaites que politique municipale.

Comme ça, les Italiens, ce sont de grands joueurs de quilles?

«Non, non, il n'y a pas beaucoup d'Italiens qui jouent aux quilles. Mais ceux qui jouent, ils jouent bien.»

Et c'est un abat!