«Ça me dépasse. Je suis dégoûtée, insultée. Je ne peux tout simplement pas croire qu'on puisse faire une telle chose.»

Louise de Sousa a été bouleversée, hier, en apprenant l'existence d'un jeu vidéo sur la fusillade du collège Dawson dans laquelle sa fille Anastasia a trouvé la mort à l'âge de 18 ans. Le journal étudiant de l'Université Concordia, The Concordian, a révélé qu'un programmeur ontarien s'est inspiré du drame pour créer un jeu vidéo accessible sur l'internet.

Le jeu, intitulé Dawson College Massacre, met en scène Kimveer Gill, l'auteur de la fusillade survenue le 13 septembre 2006. Le but: tuer le plus grand nombre possible d'élèves et de policiers.

«C'est insultant pour nous, pour toutes les victimes, mais aussi pour tous les élèves qui étaient présents», a déploré Louise de Sousa.

Depuis une semaine, l'association des élèves du collège, la Dawson Student Union, envoie des messages aux propriétaires des sites web où le jeu est accessible. L'un d'eux a accepté de le retirer, mais les trois autres ne l'avaient toujours pas fait hier. «Nous allons continuer de leur laisser des messages jusqu'à ce qu'ils l'enlèvent», a averti Michaël Lessard, trésorier de l'association.

«J'espère que le jeu sera retiré rapidement», a dit Mme de Sousa, qui a salué l'initiative des élèves du collège Dawson.

L'association a également alerté la police de Montréal, qui a elle aussi communiqué avec les propriétaires des sites web pour les inciter à retirer le jeu. «Aucune infraction n'a été commise, mais nous l'avons fait par conscience sociale», a expliqué la porte-parole du SPVM, Mélanie Lajoie.

Le créateur du jeu, qui se fait appeler «Virtuaman», a suscité de vives réactions sur l'un des sites web qui distribuent son jeu. En ligne, il se défend d'avoir voulu glorifier Kimveer Gill.

«J'ai fait le jeu pour tenter de comprendre ces tireurs, plus pour moi que pour quiconque, écrit-il. Je crois que ce jeu peut nous apprendre quelque chose, même s'il offense certaines personnes.» Selon le réseau CBC, il a 23 ans et habite en Ontario.

Jacques Talbot, psychiatre à l'institut Philippe-Pinel de Montréal, estime qu'il est dangereux de glorifier ainsi un tueur. Le jeu pourrait inciter des gens vulnérables à imiter ce geste de désespoir.

«C'est le problème de la contamination par l'éloge, explique le Dr Talbot. Quand on glorifie un suicide ou un homicide, ça peut avoir un effet négatif sur les gens fragiles.»