Une forte majorité de Canadiens s'oppose à ce que l'ancien magnat des médias Conrad Black rentre au pays. Lors de sa libération d'une prison de Floride, il y a une semaine, l'ex-PDG de Hollinger International avait demandé à rentrer à Toronto en attendant la suite de son procès criminel pour fraude financière, qui doit se dérouler à Chicago.

Selon un sondage mené cette semaine par la firme Angus-Reid, 71% des Canadiens ne sont pas d'accord pour que le gouvernement fédéral accorde à Conrad Black un permis spécial afin qu'il puisse rentrer au Canada. Il a besoin de ce document parce qu'il a renoncé à sa citoyenneté canadienne en 2001 afin de pouvoir accéder à la Chambre des Lords britannique et devenir baron de Crossharbour. En outre, son passeport britannique n'est plus valide.

Rappelons que l'homme de 65 ans a été reconnu coupable, en juillet 2007, d'avoir détourné 3,5 millions de dollars lors de la vente d'actifs de Hollinger au groupe de presse Canwest et 60 millions entre 1999 et 2001. Il a également été inculpé pour avoir fait disparaître des documents que réclamaient des enquêteurs du gouvernement.

Nouveau procès

Depuis décembre 2007, il purgeait une peine de trois ans pour fraude et six ans et demi pour entrave à la justice. Or, le mois dernier, pour une question de droit, la Cour suprême des États-Unis a ordonné la tenue d'un nouveau procès pour fraude financière. Le gouvernement américain pourrait cependant décider de retirer les accusations. Sans les accusations de fraude, les avocats de Black pourraient par la suite tenter de faire tomber la condamnation pour entrave.

En attendant la suite du processus judiciaire, Lord Black devra rester en sol américain, du moins pour l'instant. Vendredi dernier, une juge a refusé de lever l'interdiction de quitter les États-Unis jusqu'à ce qu'il donne des précisions sur sa situation financière. Il doit retourner devant les tribunaux le 16 août.

S'il est blanchi de toutes les accusations, seulement 45% des citoyens appuieraient le rétablissement de sa citoyenneté canadienne, selon le sondage. Notons que 62% des personnes interrogées sont d'accord pour permettre aux Canadiens de posséder une double citoyenneté. S'il renonçait à son titre, seulement 29% des répondants seraient d'accord pour qu'il retrouve sa citoyenneté canadienne.

Le sondage Angus Reid a été mené en ligne les 28 et 29 juillet 2010 auprès de 1012 répondants. La marge d'erreur est de plus ou moins trois points de pourcentage, 19 fois sur 20.

- Avec Agence France-Presse et La Presse Canadienne